Photo : Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi Doit-on vraiment parler de recyclage des déchets alors qu'on est loin de répondre à bon nombre d'étapes précédant cette opération ? S'il est vrai que la mise en branle de la loi 01-19 relative à la gestion rationnelle et saine des déchets, c'est-à-dire contrôle et élimination, PROGDEM (Programme de gestion des déchets municipaux), a enregistré quelques performances sur le terrain, notamment dans la collecte des ordures, on avancera sans ambages que Constantine n'aura pas son centre de recyclage pour demain, par ricochet les sources d'énergie qui pourraient en découler continuent de «polluer» la nature dans leur état brut. La décharge publique de 13 km accumule quotidiennement près de 600 tonnes d'ordures qui y sont tassées sans plus. Sur place, des bambins jouent avec leur santé et s'engagent comme des «machines à tri» à récupérer des déchets «recyclables» au profit d'une entreprise de Sétif. C'est purement de l'informel ! Ainsi devrions-nous éclipser pour l'heure l'idée d'implantation d'une quelconque station de recyclage. La direction de l'environnement de la wilaya de Constantine ne va-t-elle pas nous contrarier à ce sujet ? «Je pense qu'on est pas apte de passer à l'étape de recyclage, laquelle nécessite beaucoup de moyens. Notre préoccupation actuelle est la sensibilisation des citoyens, autrement dit, l'éco-citoyenneté», nous a confié Mme Bouaroudj du bureau de l'environnement urbain, avant de nous faire part de la concrétisation prochaine de trois déchetteries qui seront implantées dans des ex-décharges (cité El Kahira, Oued El Had, Hadj Baba). Cela étant pour le chef-lieu de wilaya, toutefois, chaque commune devra créer «sa déchetterie», neuf sont programmées pour les 11 localités restantes. Ces «pseudo-décharges» accueilleront du plastique, du papier, du carton, du verre, du métal ferreux, de vieux meubles, de l'huile usagée, etc.) «Il va y avoir de grands bacs dont chacun doit contenir une matière unique». Le civisme jouera un grand rôle, puisqu'il est attendu des citoyens qu'ils déchargent eux-mêmes les résidus. Une fois entassés, les déchets seront recyclés ou éventuellement stockés avant traitement afin d'éviter toute toxicité. «Ce sera une opération de tri sélectif», précisera notre interlocutrice. Par ailleurs, un projet de réalisation d'un centre de tri (d'une capacité de 80 t/jour), dont l'étude est en cours, n'est pas à écarter, nous avance-t-on à la direction de l'environnement, et ce, pour «promouvoir l'activité de récupération au niveau du groupement de Constantine». Une autre préoccupation alerte à plus d'un titre la direction de l'environnement. Elle réside dans le traitement des déchets dits «spéciaux». En effet, le procédé requiert une attention particulière. Leur décharge est tributaire d'une autorisation de mise en décharge délivrée par l'APC. Dans ce contexte, Mme Benyazar, chargée de ce volet, nous dira : «Chaque année, on établit un questionnaire aux différentes sociétés activant au niveau de la wilaya pour qu'elles nous communiquent leur quantité de stockage, afin que la direction de l'environnement prenne ses dispositions.» Les déchets spéciaux, un véritable casse-tête Pour l'information, la production des déchets industriels recensés en 2007 dans toute la wilaya de Constantine est de 415 tonnes. Quant aux déchets spéciaux stockés auprès de leur producteur, le tonnage est estimé à 650. L'industrie mécanique, avec ses six unités de fabrication, entre autres, complexe de pelles et grues compresseurs et compacteurs,… demeure la plus grande génératrice de ces déchets. Par ces chiffres, on ne peut mieux, la sonnette d'alarme est tirée pour activer les centres d'enfouissement inscrits au programme pour minimiser la dégradation de l'environnement. En effet, si les déchets ordinaires ne posent pas problème quant à leur destination surtout, mais pas leur «élimination», en raison du retard accusé dans la réception du centre d'enfouissement technique (CET) à Boughrab, dans la commune de Benbadis, soit à 40 km de la commune de Constantine, les déchets dits spéciaux constituent un véritable «casse-tête environnemental», dont les répercussions sont inévitables sur la santé du citoyen et de l'environnement. «Le centre d'enfouissement de Benbadis sera réceptionné au mois de juillet. Quelques détails relatifs à sa gestion seront à régler», révèle-t-on du côté de la direction de l'environnement. Il est à savoir que ce CET a été élaboré dans le but d'éliminer toutes les décharges «sauvages», outre l'élimination écologique rationnelle des déchets. Ainsi, il prendra en stock les déchets engendrés par la partie sud de la wilaya (Constantine, Khroub, Aïn Abid, Ibn Badis, Ouled Rahmoune). La durée de vie de ce centre est estimée à 20 ans. Il réceptionnerait 500 t/j de déchets. Etalé sur 50 ha, ce CET englobe 10 casiers et 3 lagunes. «Pour optimiser l'étendue en temps des casiers, il est nécessaire de passer par un tri efficace», précise le bureau urbain. Un autre centre d'enfouissement technique à Zighoud Youcef, au lieu-dit «Doghra», est inscrit. Il servira les régions nord de la wilaya (Hamma Bouziane, Didouche Mourad, Bni Hmidane) ; les travaux débuteront prochainement, attestent les responsables de l'environnement, lesquels avancent que ce site «accueillera 25 t/j de déchets. Doghra sera dotée de trois casiers et de deux lagunes». Par ailleurs, notons qu'une décharge contrôlée intercommunale, située à Kef Ben Hamza (Messaoud Boudjeriou), fermera le programme des CET à Constantine. Autant de projets pour l'amélioration du cadre de vie des citoyens et pour la préservation de l'environnement. Néanmoins, pour se lancer dans ces «prétentions», ne fallait-il pas, en premier lieu, matérialiser le CET de Bougharb, dont la mise en service est différée de jour en jour, à cause de sa gestion, afin de commencer, l'élimination des détritus, voire de rattraper le retard enregistré en procédant à l'enfouissement technique ? Pour l'heure, Constantine «n'enfouit pas» ses déchets, la décharge du 13 km en accumule des tonnes sans les traiter…