De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi La petite et moyenne entreprise demeure en phase d'apprentissage à Constantine. En dépit d'être forte en nombre -7 443 PME et près de 5 000 artisans- la wilaya est à la recherche d'un nouveau souffle pour booster ce secteur, ressource non négligeable pour l'économie du pays. La tutelle, qui a élaboré il y a quelques mois une stratégie à long terme en vue de matérialiser ces perspectives, a pris en compte les suggestions provenant des différentes régions où cette catégorie «d'industrie» émerge. Constantine n'est pas restée muette à cette volonté ministérielle présentée au président de la République. Tout un planning couvrant l'année en cours est mis en place par les responsables du secteur. A commencer par une partie du plan national : «Nous comptons toucher 70 entreprises par une mise à niveau qui se consacrera à l'aspect managérial. Ainsi, des experts dispenseront aux gérants de ces unités de production ou autres activités, des cycles de formation», dira M. Achouri, directeur de la petite et de la moyenne entreprise et de l'artisanat, qui précisera : «La mise à niveau reste un acte volontaire de la direction qui ne cesse de sensibiliser sur l'importance d'une telle action. Il faut savoir que 80% de ces PME sont démunies de certification répondant aux normes. Certains patrons appréhendent ‘‘le facteur temps'' écoulé par leur cadre dans la formation tout en ignorant le résultat positif qui en résulte. En fait, la classification des produits permet aux PME d'être plus présentes à l'intérieur comme à l'extérieur du pays de par des normes adaptées. Sans omettre les coûts et les possibilités d'exportation allégées par l'Etat dans ce sens.» La wilaya de Constantine prévoit, toujours dans cette panoplie stratégique, de créer pour l'exercice en cours au moins 1 100 entreprises. Le taux sera ainsi majoré de 11% par rapport aux trois dernières années. Les activités dominantes ne sont pas pour l'heure définies. «Les PME se caractérisent par une sorte de flexibilité. C'est leur force. Autrement dit, s'il existe des créneaux saturés ou, à la longue, peu rentables, il est possible de changer d'activité sans avoir à se soucier autant de la paperasse administrative ou des coûts de transferts qui ne nécessitent pas d'énormes moyens», analyse notre interlocuteur. Cette éventuelle mutation pourrait s'accomplir en une partie par le système d'information que compte lancer la direction. Un système qui sera doté par l'implantation des PME au niveau de chaque commune par l'élaboration d'un guide de l'investisseur en collaboration avec le patronat et la chambre de commerce. Par ailleurs, on apprendra de M. Achouri qu'une banque de données regroupant toutes les PME existantes est en voie de finalisation, avec le concours de la chambre de commerce, la CNAS et le service des impôts qui en restituent les enseignements nécessaires. Ces derniers font état des effectifs, des produits et des statuts juridiques de ces microsociétés. La promotion de la sous-traitance constituera un autre défi pour les promoteurs. En fait, il s'agira de convaincre les grosses boîtes industrielles de ne pas tourner le dos à ces moyennes entreprises. A cet effet, des journées, que l'on appellera «de sondage», auront lieu les 14 et 15 avril prochains. Elles verront la participation de quelques PME en compagnie d'experts qui élucideront le sujet. Un autre axe très important figure dans le planning et traitera de la promotion des exportations ; «l'Etat accorde autant de facilités aux entreprises désireuses d'exporter. Des taxes (frais de transport notamment) sont revues à la baisses de 80%. Avec l'aide d'ALGEX, société nationale d'exportation, nos PME peuvent entamer la commercialisation de leurs produits aux normes, bien évidemment», dira le directeur, lequel mettra en relief le rôle important joué par l'Agence nationale de développement des PME (ANDI) qui «sera sollicitée aux côtés de l'Agence nationale d'intermédiation et de régulation foncière (Aniref) pour concrétiser le programme annuel tracé par notre direction». Entrave financière et absence de centre de facilitation : la tuile des PME Au chapitre des entraves encourues par les jeunes promoteurs, la problématique des financements tient «le haut du pavé». C'est pourquoi l'on songe à la formule «expert/dossier bancable». En fait, le transit des documents d'investissement via ces mains permettrait à coup presque sûr aux néo-entrepreneurs de bénéficier d'un crédit. Dans le sillage de la faiblesse des PME, il est indispensable de soulever l'absence de centre de facilitation au niveau de la wilaya de constantine. Créées par décret exécutif n°03-79 le 25 février 2003, les centres de facilitation n'ont pas encore vu le jour à Constantine. Ces boxes ont pour mission, parmi d'autres, l'intervention dans l'instruction et le parrainage des dossiers présentés par les porteurs de projets et les entrepreneurs, l'aide des investisseurs «à surmonter les obstacles rencontrés durant la phase de constitution des formalités administratives» comme elles offrent «des services en matière de conseil dans les fonctions de gestion, marketing, repérage de marchés, gestion des ressources humaines et toutes autres formes définies dans la politique de soutien à la PME». Malheureusement, le siège pouvant assurer toutes ces recommandations aux promoteurs reste «introuvable», ce qui a poussé d'ailleurs la direction à puiser dans des journées d'étude et de sensibilisation pour compenser ce manque. Néanmoins, le centre de facilitation de Constantine devrait élire domicile au niveau de l'ex-EDIED. Si la wilaya a consenti à cette cession «provisoire», les services des finances tardent à en approuver l'option. Le regard du directeur demeure toutefois braqué sur l'assiette de Tenoudji, sise à la Cité Faubourg Lamy où un musée et une maison de l'artisanat devraient accueillir le fameux centre de facilitation. Le projet est en phase embryonnaire. Un ingénieur en génie civil a été recruté récemment pour diagnostiquer le site qui s'étale sur 10 000 m2. Au mois 300 millions de dinars sont requis pour parachever cet ouvrage. «Nous ne disposons que de 10 milliards de centimes. On composera avec cette bagatelle en attendant d'autres mannes…», nous a révélé le directeur.