De notre correspondant à Constantine A. Lemili A Constantine le tramway devait être fonctionnel en 2009. Ensuite, sa livraison a été renvoyée d'autorité et sans explications en ce sens que, sur le plan de la communication, rien ne filtrait à l'exception de délais «balancés» ici et là et au gré de l'humeur du moment par le premier responsable de la wilaya au cours de rencontres officielles ou officieuses auxquelles il assistait et assurait que «Constantine aura son tramway». Aucun des habitants ne doute de la date de sa livraison et surtout des désagréments de transport auxquels il mettra fin. Il y a deux ans, au lendemain de la livraison de l'étude de faisabilité par le bureau d'études français INGEROP, les pouvoirs publics avaient rencontré les plus grandes difficultés à faire admettre à un groupe de personnes et personnalités la démolition de la prison civile. Une condition pour la viabilité du projet et surtout pour la réputation du bureau d'études français dont la proposition devait mettre en exergue l'efficacité de la réalisation. Cette question a même fait l'objet d'un arbitrage du président de la République et tout le monde s'était accordé à dire que ladite prison ne sera pas démolie. A contrario, le tramway ne partira pas du centre-ville mais à partir de ses hauteurs jusqu'à la cité Zouaghi. Quoique, là également, le wali assure à qui veut le croire qu'il ira jusqu'à la nouvelle ville Ali Mendjli alors que l'étude de faisabilité n'avait même pas été sollicitée du même bureau et encore moins confirmer cette… faisabilité. En 2007, Alstom Italie, qui avait été retenue pour la réalisation du projet, avait eu à son tour des difficultés pour entamer les travaux de la gare multimodale à la hauteur de la cité Zouaghi en raison des atermoiements de l'Agence nationale des autoroutes d'évacuer les lieux. Il aura fallu une année (juillet 2008) pour que cet espace devienne vacant. Ensuite, surgiront d'autres problèmes liés à la prise en charge sécuritaire de l'équipe technique et non encore résolue comme en témoigne la présence très restreinte des intervenants sur le projet (ingénieurs, techniciens). L'équipe en place n'arrête pas de s'installer, en fait d'installer une base de vie pour préparer les conditions d'accueil idoines au reste des effectifs. Or, il y a quelques semaines A. Yahiouche, le principal pilote du projet, a été rappelé par la direction générale du Métro d'Alger. Un retrait tout de suite assimilé à «un limogeage» pour certains et «une mise au placard momentanée» pour d'autres. En tout état de cause, les informations qui allaient circuler tournaient autour du «retard dans l'avancement des travaux ou encore leur mauvais suivi». Or, tous les cadres versés dans le projet et avec lesquels nous avons pris contact au cours de la semaine écoulée sont unanimes à souligner «la très grande compétence d'une personne qui travaillait 16 heures sur 24 et qui connaissait de bout en bout tous les détails de l'opération… Après tout, ne considérait-il pas avec une sincérité non feinte le tramway comme son bébé à lui ?» Selon des cadres qui ont insisté pour garder l'anonymat, «M. Yahiouche a été retiré du projet pour des raisons administratives futiles. En fait, il est toujours à la tête du projet même si M. Abrid qui est présenté comme l'interlocuteur officiel des vis-à-vis de l'entreprise du Métro d'Alger. Il ne faudrait pas occulter que Yahiouche est le directeur régional de l'EMA, c'est-à-dire que les projets de tramway à Annaba et à Skikda relèvent de ses responsabilités». Un responsable de la direction de wilaya des transports il sera plus disert en justifiant cette mise à l'écart par «un désaccord du directeur régional de l'EMA avec le directeur des transports, voire du wali, suite à sa proposition de réaliser un mur de soutènement entre la cité Zouaghi et le théâtre de Verdure pour conforter l'assise des sols dans une partie considérée plutôt comme meuble. C'est sans doute le coût, à savoir entre 50 et 60 milliards de centimes, qui aurait indisposé l'administration en ce sens que le projet se trouvait de fait réévalué sur une enveloppe initiale de 1 800 milliards de centimes». En tout état de cause, lors de l'émission «Indjazate» télédiffusée en direct à partir de Constantine, le wali, pressé par les questions de l'animateur, a donné le mois de janvier 2011 comme date butoir de l'entrée en exploitation du tramway. Ce qui est d'ores et déjà une gageure compte tenu de la réalité. Il suffirait de procéder à une tournée des lieux réputés abriter les équipes de réalisation pour être définitivement édifié. Enfin, ni le directeur de wilaya des transports ni le chef de projet n'ont été accessibles au cours de la semaine écoulée et ce début de semaine. Il est impossible de les avoir sur leur téléphone mobile et encore moins en passant par les postes de standard.