Photo : A. Lemili De notre correspondant à Constantine A. Lemili En général, les responsables locaux, qu'ils appartiennent à l'administration ou à des instances élues, ont l'art de faire compliqué quand il est plus logique de faire facile. C'est un peu le cas des travaux, aménagements, réalisations de projets urbanistiques ou tout ce qui leur est annexe, ayantplus besoin d'être entamés à une période précise de l'année, à savoir le printemps, qu'à l'avènement de l'automne. Tout cela, bien évidemment, en raison des intempéries des nombreux désagréments que peuvent subir les habitants et des délais rarement respectés, et pour cause les retards incontournables de la livraison desdits projets.Paradoxalement, les mêmes responsables locaux mettent un point d'honneur obstinément à lancer, sans exception, ou s'arrangent, c'est selon, pour que tous les travaux soient entamés à la fin de l'été.Contactés, sur ces choix, lesquels, bizarrement, constituent le dénominateur commun de la majorité des communes de la wilaya de Constantine, deux premiers édiles nous ont fourni la même réponse. «C'est un problème de mise en place des crédits.» Or, il est de notoriété publique que la mise en place des crédits se fait avec une régularité de métronome au début du mois d'avril pour le budget primaire et à partir de septembre pour le budget supplémentaire. En fait, le problème se situe ailleurs, autrement dit, dans «l'art» de lanterner dans la conduite des affaires publiques et plus particulièrement dans l'amélioration de la qualité du cadre de vie des habitants. Une attitude qui a pour corollaire de contribuer à des pratiques sujettes à caution entre les parties impliquées dans les différents projets et qui ont pour avantage de plus agréer les entreprises, notamment privées, en charge de la réalisation d'une infrastructure donnée, que l'intérêt public, sachant le peu d'empressement des différents représentants des pouvoirs publics à faire valoir les droits revenant à l'Etat et exiger le respect de leurs obligations de la part des prestataires précédemment évoqués. D'où, forcément, les retards phénoménaux d'abord et leur résorption ensuite par la livraison d'un travail bâclé, sans pour autant que soient appliquées les dispositions réglementaires du marché. Quoi qu'il en soit, le travail sera repris une autre fois dans le cadre d'un nouveau programme décidé par une nouvelle équipe élue ou une direction de l'exécutif renouvelée.Dans la commune du Khroub, pour la simple réalisation d'un tronçon de moins de 300 mètres à hauteur de la zone d'activité Chihani Bachir, l'entreprise en charge du projet fait acte de présence depuis près de deux ans. Les engins creusant et nivelant une tranchée avant que ne viennent de grandes pluies qui renvoient à la case départ tout le monde en attendant le retour d'un temps plus clément. Le mythe de Sisyphe ressuscité, matérialisé par le déroulement d'années se succédant… inexorablement. Assez souvent, comme l'entreprise en charge du chantier est aussi engagée accessoirement sur d'autres (chantiers), engins et effectifs sont déplacés rien que pour faire illusion ici et là et il n'est nul besoin de revenir sur ce fameux dicton qui dit : «A courir deux lièvres…» pour confirmer qu'avec juste raison ni ici ni là la situation ne risque de changer. Dans un pays qui se respecte, la société civile bougerait dans tels cas de figure, mais faudrait-il encore qu'il existe un mouvement associatif et des citoyens qui feraient valoir leurs droits autrement qu'en brûlant des pneus et en condamnant la circulation sur les voies de circulation.