Le secteur de l'informel a incontestablement encore de beaux jours devant lui dans le monde. Et ce n'est sans dans doute pas demain que ce fléau planétaire rendra son ultime souffle. Bien au contraire, les indicateurs nécessaires sont toujours au vert pour l'économie informelle et ce ne sont pas les chiffres qui diront le contraire. Et de chiffres, ceux du tout frais rapport de l'Organisation de coopération et de développement économiques donnent plus de 1,8 milliard de personnes intégrées dans le secteur informel, soit plus de la moitié de la population active mondiale. Et lorsque l'OCDE prédit une avancée encore plus soutenue de ce mal dans les années à venir, elle ne fait que conforter les prévisions nées d'une crise économique mondiale et les licenciements massifs qui chassent des contingents entiers de leurs postes déclarés pour les pousser sans transition dans la sphère infernale et sans repère du marché noir. Il ne serait d'ailleurs pas étonnant que, dans cette logique des péripéties, l'activité informelle gagne quelques espaces qu'on ne lui connaissait pas avant la crise dans des pays développés où le nombre de pertes d'emploi se compte déjà en dizaine de milliers et où, surtout, la création d'entreprises à court terme semble relever de l'utopie. Ceci dit, le travail au noir demeure à excessives propensions le propre des pays pauvres et, à moindre mesure, des pays émergents. Dans ce second cas, l'Algérie reste un exemple assez édifiant dans la mesure où elle continue à subir le diktat de réseaux savamment organisés dans la pratique de l'informel. Certes des efforts ont été réalisés sur le registre de l'emploi, mais cela n'aura pas suffi à atteindre l'objectif qui consiste à venir à bout du travail au noir, bien au contraire. On a beau mettre en place des dispositifs répressifs, des opérations de sensibilisation et même des opérations coup-de-poing de circonstance, c'est souvent l'échec. Comme quoi, on a beau chasser l'informel, il revient au galop. La demande de l'emploi étant de plus en plus en hausse et tout autant diversifiée par ses créneaux, la politique mise en place se montre forcément insuffisante et bien en deçà des attentes. Cette situation pousse d'ailleurs souvent les pouvoirs publics à comptabiliser les emplois de l'informel lorsqu'ils décident d'insister sur le recul du chômage. Les cinq années à venir reconduiront-elles la même démarche lorsqu'il s'agira de faire et de défaire les comptes, ou bien assisterons-nous à une politique qui créera de l'emploi en tuant ce qui ne l'est pas. L. I.