Le président Abdelaziz Bouteflika s'est, au préalable, fixé un agenda très chargé pour son troisième mandat consécutif à la tête de la République algérienne. Réélu à une majorité confortable, l'artisan de la réconciliation nationale a, désormais, les coudées franches pour mener à terme toutes les réformes promises lors de sa récente campagne électorale. Evolutions dictées par des besoins réels et qui s'inscrivent naturellement dans la continuité des progrès accomplis durant cette dernière décennie. Car, fondamentalement, le plébiscite populaire de ce 9 avril constitue une franche approbation au bilan de ses deux mandats précédents. Un agrément électif qui détermine logiquement le socle de ses actions futures. Sa mission pour les cinq ans à venir porterait, dès lors, sur l'approfondissement des initiatives déjà entreprises, l'application des correctifs nécessaires aux politiques mises en œuvre et l'ouverture de nouveaux chantiers «à même de mettre le développement de notre pays à l'abri des retournements», pour reprendre ses propres mots. Un programme ambitieux qui s'articule, notamment, sur l'approfondissement de la réconciliation nationale, la promotion des libertés et des droits de l'Homme, et l'association de tous les citoyens à l'œuvre de redressement et de construction du pays. Il s'agit, en gros, d'instaurer un véritable Etat de droit où tous les Algériens auront les mêmes chances et les mêmes devoirs. Ce mégaprojet passe obligatoirement par une série de réformes institutionnelles ; à commencer par une probable révision de la Constitution en vigueur. Depuis son arrivée au pouvoir en 1999, Bouteflika n'a, en effet, cessé de relever les contradictions de la présente loi fondamentale du pays -promulguée en 1996 pour répondre à un contexte sécuritaire particulier- en manifestant à maintes reprises son intention de lui apporter de profonds aménagements. Il s'agit de l'impératif d'une nette séparation des pouvoirs que ses adversaires lors de cette élection ont également soulevé avec force. Pour ainsi dire, il est question de définir avec précision les missions distinctes des appareils législatif, exécutif et judiciaire afin de permettre à toutes les institutions républicaines de jouer pleinement leurs rôles respectifs dans la symbiose et la complémentarité nécessaires. Certains observateurs lui prêtent aussi, à ce sujet, la volonté de créer un poste de vice-Président pour seconder et soutenir le chef de l'Etat dans l'exercice de ses lourdes attributions. D'autres évoquent également la possibilité de mettre fin au bicaméralisme parlementaire à travers la suppression du Sénat. Créée aussi dans un contexte spécial pour servir de garde-fou à un éventuel raz-de-marée intégriste à l'APN, la chambre haute a présentement perdu son utilité avec le renforcement notable des prérogatives de la présidence de la République et le recul irrémédiable de la mouvance extrémiste sur l'échiquier politique national. Fort de cette puissante adhésion populaire à son programme politique, le Président s'est singulièrement engagé à promouvoir les droits de l'Homme et les libertés individuelles et collectives. Un texte de loi sera ainsi élaboré, sous peu, pour renforcer le rôle et élargir le champ d'intervention des commissions et des organisations qui activent dans ce domaine. Promesse a également été faite pour protéger la liberté d'expression à travers la révision du code de l'information en concertation avec la corporation des médias. Les professionnels de l'information qui plaident pour la dépénalisation du délit de presse y trouveront probablement une réponse positive à leurs doléances. La garantie des libertés démocratiques, la consolidation du pluralisme politique et le renforcement du concours de la société civile figurent aussi en tête des préoccupations du premier magistrat du pays. Toujours à ce propos, un intérêt particulier est réservé à la promotion du rôle de la femme dans la société. L'engagement a été pris de mettre en place un conseil national de la femme et de la famille ainsi qu'un observatoire de l'emploi de la femme. L'objectif serait de soutenir la place de la gent féminine dans l'espace public à travers une plus forte présence au sein de l'appareil décisionnel. L'accent est également mis sur la protection des droits sociaux des travailleurs et la lutte contre la corruption et les nouvelles formes de criminalité. La réforme de la justice serait ainsi poursuivie pour contrer les trafics financiers, la bureaucratie et l'abus de pouvoir. A ce sujet, des perspectives de changement se dessinent aussi pour l'administration territoriale. La révision des codes communal et de wilaya, la réforme des finances locales ainsi que l'adoption d'un nouveau découpage administratif sont de nature à donner davantage d'efficacité aux autorités et aux assemblées locales. Des mécanismes institutionnels sont, par ailleurs, prévus pour la régulation du marché national et la protection du consommateur contre la spéculation et les pratiques frauduleuses qui portent atteinte à sa sécurité. En ce qui concerne l'identité et les constantes nationales, Bouteflika s'est clairement exprimé en faveur de la création d'un haut conseil de l'amazighité et d'une académie pour la promotion de la langue amazighe. Dans le but de se rapprocher de notre importante communauté à l'étranger, un conseil national consultatif serait au programme afin de mettre à profit les potentialités et les compétences de cette diaspora au service du développement du pays. L'environnement, l'urbanisme, la formation et l'éducation, l'économie et le social, connaîtront aussi des évolutions législatives et institutionnelles pour valoriser les avancées enregistrées et remédier aux erreurs commises. Les chantiers du président de la République pour le quinquennat 2009/2014 sont visiblement de nature à répondre aux préoccupations largement exprimées par la base, pourvu que celle-ci soit consultée et associée à la préparation et l'élaboration des nouvelles orientations. Un détail procédurier sur lequel Bouteflika a beaucoup insisté lors de sa campagne électorale. K. A.