Photo : S. Zoheïr Par Amar Rafa La campagne électorale du candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika ayant démarré sur les chapeaux de roue, a pris un rythme régulier en s'accélérant vers la fin. Huit, vingt, puis le nombre dépasse la trentaine de wilayas visitées, à raison de deux par jour, y compris pour celles de l'extrême sud du pays, Tamanrasset et Illizi, qui reçoivent durant la même journée le candidat Bouteflika. Il a dû même renoncer à des engagements extérieurs, notamment le sommet de la Ligue arabe de Doha, pour faire la promotion de son programme. Pourtant, «mon programme n'est pas nouveau», clame-t-il, à chaque sortie. Il s'inscrit dans la continuité des deux précédents mandats, durant lesquels a été mise en œuvre la réconciliation nationale. Le candidat promet s'il est élu encore, de non seulement poursuivre la politique qui a ramené paix et stabilité au pays, en le remettant sur le chemin de l'édification, mais aussi de l'approfondir. «Les portes de la réconciliation demeurent ouvertes pour les “égarés”», dira encore Bouteflika, qui laissera entendre qu'une amnistie générale est possible, sous la condition de la reddition du dernier homme armé, et que la question soit soumise à l'approbation du peuple, par voie référendaire. Le thème reviendra tel un leitmotiv dans toutes ses interventions. Le candidat ne demandera pas aux citoyens de voter pour lui, mais de le juger sur le bilan de ses deux précédents mandats, pour opter soit pour la continuité soit pour le changement, avant de se projeter dans l'avenir, indiquant que le prochain mandat sera celui de la stabilité durable et du développement. Pour cela, un renouvellement de la confiance est nécessaire pour approfondir la politique de réconciliation nationale et parachever les projets lancés. En voici quelques exemples : construire un million de logements supplémentaires durant les cinq années à venir, augmenter le nombre d'étudiants universitaires à deux millions en 2015, en rappelant à l'assistance qu'une enveloppe de 150 milliards n'attend qu'a être investie dans les différents chantiers. Dès les premiers instants de son premier meeting, le discours électoral du candidat a pratiquement pris sa forme. «Votez contre nous, votez même avec un bulletin blanc, mais votez.» L'appel au vote massif domine. La suite ne sera qu'une réédition des idées déjà lancées, et chaque fois adaptées aux thèmes de circonstance. A l'entame des allocutions prononcées, à côté des rappels historiques des événements et des spécificités des wilayas, sont souvent évoqués les chouhada, qui symbolisent la wilaya, à l'instar de Mustapha Ben Boulaïd dont des représentants de sa famille étaient présents à Batna, Souidani Boudjemaa à Guelma par exemple, et les saints qui protègent la ville (Yemma Gouraya à Béjaïa), ainsi que les cheikhs des zaouïas. L'appel au vote massif, le jour du scrutin, est commun à toutes les rencontres. Nombre d'observateurs sont unanimes à souligner le pragmatisme du discours du candidat, lequel colle à chaque fois aux intérêts des citoyens, prouvant si besoin est qu'il est au fait des problèmes majeurs que rencontrent dans leur vie quotidienne les citoyens. Ayant inauguré un nouveau procédé de marketing politique, basé sur le travail de proximité, le candidat est allé à la rencontre des citoyens, notamment les jeunes avec lesquels il est entré en interactivité. Cette technique aura eu ses effets, comme en témoigne l'impression favorable laissée après chacun de ses passages. A Guelma, Bouteflika a engagé un véritable jeu de questions-réponses sur les attentes des citoyens, au sujet de la construction d'infrastructures dans la wilaya : train, hôpital et mosquée. Le travail de proximité, qui a ciblé les secteurs professionnels, notamment la santé, le sport et l'agriculture, a eu pour effet de souligner les questions intéressant ces catégories professionnelles et, de là, à préconiser les solutions. A Tlemcen, où il a rencontré les professionnels de la santé lors de son déplacement, il passera au scanner les maux dont souffrent les secteurs donnés, sans pour autant feindre de préconiser des remèdes. Il a demandé qu'une étude globale soit élaborée sur la politique de la santé en Algérie. A Sétif, le sport, en particulier le football, à son tour, était sous la loupe du candidat Bouteflika qui, en rencontrant les gloires du sport national, a, suite à un diagnostic sans complaisance d'un secteur livré à la corruption et au pouvoir de l'argent, insisté pour que le sport devienne une priorité nationale. Il s'est engagé, en outre, de s'attaquer aux fléaux sociaux et autres pratiques malsaines qui portent atteinte à l'économie du pays, comme la bureaucratie, la corruption, le blanchiment d'argent, le trafic des stupéfiants et l'économie parallèle. Bouteflika a, par ailleurs, promis de redonner à la femme la place qui lui convient, réitérant son engagement, s'il est réélu, à continuer de promouvoir la place de la femme dans la vie politique et à «lutter contre toute forme de discrimination et d'injustice à son encontre», d'une part. D'autre part, il a promis de continuer à faire progresser la croissance économique, et de créer des richesses hors hydrocarbures. Pour concrétiser ces objectifs, il a, ce faisant, estimé nécessaire la participation des citoyens. Ces derniers ont dit leur mot. Sous des conditions atmosphériques défavorables ou par beau temps, les citoyens sont massivement sortis dans les rues principales des villes de la trentaine de wilayas visitées. Les meetings ont drainé des foules nombreusesayant dépassé toutes les prévisions.Nombre de médias, nationaux et étrangers, qui se sont déplacés dans le sillage de la visite du candidat, ont été témoins du défi que venait de relever Bouteflika, en s'adonnant à un bain de foule à Batna, là où le Président a été la cible d'un attentat en 2007. La page venait d'être tournée. Signe des temps, le candidat Bouteflika en campagne a réussi là où le Président avait échoué. Il a réussi une réconciliation historique avec Béjaïa et Tizi Ouzou. Deux importantes wilayas de la Kabylie lui ont réservé un accueil des plus chaleureux, au point qu' il lancera : «Aujourd'hui, je peux mourir tranquillement», et dont il continuera à parler longtemps, ailleurs, dans des haltes similaires de sa campagne.