Maintenant que Abdelaziz Bouteflika est assuré d'un troisième mandat, des noms de personnalités nationales reviennent sur le devant de la scène. Plus que des acteurs, ces personnes sont de véritables chevilles ouvrières du chef de l'Etat. Depuis dix ans, en effet, le nom du chef de l'Etat est étroitement lié à celui de son ministre de l'Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni. Ce dernier, qui a passé une dizaine d'années de traversée du désert, est revenu aux affaires par la grande porte à l'arrivée de Abdelaziz Bouteflika au pouvoir en 1999. Mais à vrai dire, les deux hommes se connaissent depuis longtemps. Depuis l'armée des frontières, à Oujda, au Maroc, où les deux hommes ont fait leur école de guerre. Après l'indépendance, les deux hommes ont fait partie d'un même système : Bouteflika au gouvernement et Zerhouni dans les services de sécurité où il a gravi les échelons avant de finir adjoint du chef de la sécurité militaire de l'époque, Kasdi Merbah. Après la mort de Boumediene, Yazid Zerhouni a fait carrière dans la diplomatie, notamment comme ambassadeur à Mexico et dans d'autres capitales. Pour le prochain quinquennat, l'actuel ministre de l'Intérieur a toutes les chances de garder son poste.L'autre homme fort, qui jouit de la confiance du Président, mais qui ne s'immisce pas dans affaires politiques internes, est Chakib Khelil. Ministre de l'Energie et des Mines depuis 1999, ce natif de Tlemcen est un homme à la fois fidèle et efficace. Ses passages à la Sonatrach dans les années 1970 et aux institutions de Bretton Woods dans les années 1980 et 1990 lui procurent une parfaite maîtrise et des hydrocarbures et des méandres des relations internationales. Cela lui vaut d'ailleurs une estime et une influence jamais démenties dans les rencontres internationales.En plus de ces deux habitués, Abdelaziz Bouteflika a toujours eu une confiance presque aveugle en Abdelmalek Sellal, plusieurs fois ministre. Cette confiance a fait que le chef de l'Etat a confié à cet énarque la conduite de sa campagne électorale en 2004 dans une atmosphère incroyablement difficile. C'est sans doute ce succès électoral qui a poussé Bouteflika à lui renouveler le bail pour l'élection qui vient de s'achever. Tout porte à croire que cet homme travailleur et affable va figurer dans le prochain gouvernement de Abdelaziz Bouteflika.L'autre homme politique que tient en haute estime Abdelaziz Bouteflika est sans aucun doute le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. Les deux hommes, issus de générations politiques différentes, se connaissent en réalité depuis les années 1970. «Il est le seul à rester avec moi jusqu'à minuit», avouait Bouteflika à une journaliste étrangère qui lui avait signifié que Ouyahia est «impopulaire». Il arrive que les relations entre les deux hommes connaissent des flottements, mais le Président sait qu'il peut toujours compter sur son actuel Premier ministre, qui va être très probablement reconduit dans les prochains jours. A côté de ces personnalités les plus en vue, d'autres hommes et femmes font partie de la garde rapprochée du Président. En plus de son frère Saïd, qui ne le quitte presque jamais, on trouve également son directeur de cabinet, Mohamed Moulay Guendil, et son conseiller à l'économie et ancien ministre des Finances Abdelatif Benachenhou. D'autres personnalités se sont jointes à cette équipe, notamment lors de la campagne électorale qui s'est achevée. Le nom de Abdesselam Bouchouareb, ancien ministre de l'Industrie et chef de cabinet de Ahmed Ouyahia au RND, est sur toutes les lèvres. Au même titre d'ailleurs que Hamraoui Habib Chawki et Abdelkader Khomri, dont on dit qu'ils sont ministrables. D'autres hommes et femmes, beaucoup moins visibles, ont accompagné le chef de l'Etat, soit durant sa présidence, soit pendant sa quête d'un autre mandat. A. B.