Le temps mis par le président de la République, chef de l'Exécutif, pour constituer le premier gouvernement du 3e mandat serait-il le signe de quelque chose de nouveau ? On ne le sait pas encore mais c'est à espérer. Et, sauf à y voir quelque sérieuse difficulté à dénicher les profils idoines, ce temps semble être celui de la nécessaire réflexion au sujet de la nouvelle architecture gouvernementale. Les promesses du chef de l'Etat à propos de plus d'espace à accorder aux femmes et aux jeunes, laissaient en tout cas entrevoir l'idée d'un format ministériel nouveau et original. C'est aussi le temps des propositions, des consultations, des arbitrages et des validations. C'est dans l'ordre des choses mais là n'est pas l'essentielle question. Dans cette quête éventuelle du nouveau, du jeune, du féminin et de l'original, c'est les postulats qui font sens, davantage que les postulants. Le premier de ces axiomes gouvernementaux est celui de la place que le président de la République réélu compte réserver aux femmes. La dernière révision constitutionnelle accordant une meilleure représentation politique à la première «minorité visible» du pays, rend inéluctable une présence plus significative des femmes dans l'Exécutif. Normal, en politique, c'est le premier espace de visibilité. Une telle présence signifierait notamment la nomination d'une femme à un éventuel poste de vice-premier ministre. Egalement, de voir des femmes accéder à des ministères régaliens, dits en Algérie de souveraineté. Quant aux jeunes, l'hypothèse serait que les projets de création de trois millions d'emplois les concernant au premier chef, exigeraient un souffle nouveau et du sang neuf. Une force d'entrain et des capacités d'exécution de feuilles de route présidentielles nécessitant avant tout des compétences techniques. Ensuite, une grande capacité à travailler en synergie et en équipe. Choses qui n'ont pas tellement caractérisé les équipes gouvernementales précédentes. Troisième postulat : la coordination, la cohésion et la mutualisation des compétences, des prérogatives et des moyens, impliquant la création possible de pôles ministériels. L'existence de tels grands secteurs signifierait que le président de la République aurait pris la mesure du déficit chronique de coordination gouvernementale et de dilution des responsabilités, notamment celles relatives à la prise de décision. Ces trois postulats impliquent l'abandon de critères de choix traditionnels tels le sacro-saint principe de l'équilibre régional ou des «quotas» dévolus aux clientèles traditionnelles du régime comme l'Alliance présidentielle. Dans un tel cas de figure, et on a le droit de rêver à bon compte, cela voudrait dire que le chef de l'Etat, qui veut s'inscrire dans l'histoire avec le grand «H» de rigueur, aurait résolument décidé d'innover. Le cas échéant, cela signifierait qu'il aurait convoqué Max Weber pour apporter le grand changement. C'est-à-dire de nommer des femmes et des hommes, dont des jeunes, qui auraient à la fois l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité. Des femmes et des hommes qui, outre l'amour patriotique, auraient le sens du Bien commun. N. K.