Il est le véritable carrefour où les commerçants «légaux» et «illégaux» du marché mobile se côtoient. C'est le quartier Hacène Badi (ex-Belfort) à El Harrach. Ce quartier est entré dans les annales de la téléphonie mobile, depuis au moins 5 ans. Le simple consommateur, mais aussi les importateurs, les grossistes et les revendeurs viennent chaque jour pour acheter, (re)vendre, ou approvisionner le marché local d'appareils et autres accessoires de téléphonie mobile. Le marché de Belfort, qui a vu le jour après qu'un importateur eut pensé à créer un endroit dédié au commerce du portable, a réussi, au fil des années, à devenir le véritable lieu où les professionnels du mobile viennent des quatre coins du pays. La cause ? L'approvisionnement est assuré. Ce sont, en effet, des milliers de téléphones mobiles de toutes marques qui passent par ce fameux coin. Mais, le revers de la médaille s'avère très préjudiciable pour notre économie. En effet, la plupart des appareils et autres accessoires proposés à la vente entrent par des voies illégales. L'activité informelle a également contaminé ce secteur. Le commerce du téléphone portable ne déroge pas à la règle. Loin s'en faut. En clair, la quasi-totalité des appareils mobiles proposés même au sein de ces fameux magasins sont importés illégalement. Et, apparemment, tout le monde y trouve son compte. Car, en prenant les voies détournées du commerce informel, les téléphones portables provenant principalement du Maroc et de la Grande-Bretagne, échappent, de ce fait, au paiement des charges fiscales. Donc, le coût de revient est beaucoup moins important. Conclusion : les professionnels de ce secteur peuvent, magistralement, écouler ces appareils sur le marché local à des prix défiant toute concurrence, et sur lesquels, malheureusement, les importateurs agréés ne peuvent s'aligner. «Depuis l'ouverture de notre boutique, on assiste à l'installation de ce type d'approvisionnement. Et on ne peut ne pas s'approvisionner d'autant que la majorité des marques entrent illégalement. On est obligés d'acheter chez ces importateurs illégaux», a déclaré Hakim, gérant d'une boutique spécialisée dans la vente des appareils et des accessoires. A la question de savoir comment ces importateurs font entrer leurs marchandises, la même source a fait savoir que plusieurs canaux ont été utilisés. Mais le mot cabas revient souvent à ce titre. En effet, le commerce «du cabas» des téléphones portables, en dépit des sanctions judiciaires, n'a pas dissuadé ces importateurs d'accomplir ce genre d'opérations commerciales. Comment ? «A partir de nos frontières de l'Ouest», ajoute notre interlocuteur. «La quasi-totalité du trafic à travers la région de Zouia [près de Sétif]. Avec des réseaux qui se sont constitués au fil du temps, on fait passer des centaines de milliers d'appareils et d'accessoires presque sans aucun problème», explique-t-il plus loin. A quelques mètres de là, le gérant d'un magasin spécialisé en vente en gros, a révélé que les appareils provenant de Grande-Bretagne sont facilement identifiables. «Les téléphones mobiles en provenance de Grande-Bretagne sont facilement repérables par leur logo T.Mobile», a fait savoir Madjid. Ce dernier ajoute que ces marchandises entrant par ces voies se retrouvent dans les magasins à des prix de 20% moins élevés. D'où le rush enregistré et le nombre d'appareils vendus qui va crescendo.