Le Mouvement des Non-alignés est de retour. Remis sur selle par des événements qui se suivent et se ressemblent au profit d'une configuration socio-économique mondiale interpellant forcément une riposte groupée sous la bannière de blocs de pays aux intérêts communs, nécessitant donc une perception de solution en conséquence.Au moment où les alliances régionales inspirées et mises en place par la proximité géographique et les contraintes de voisinage subissent le coup d'une crise économique mondiale sans frontières jusqu'à être disloquées et perdre même leur raison d'être, le va-t-en guerre contre pareille pandémie sans précédent impose des unions encore plus fortes, aussi bien par le nombre de membres que ces mêmes unions comptent en leur sein que par les objectifs qu'elles s'assignent ou qui s'imposent à elles. L'exemple du Mouvement des Non-alignés est certainement un cas illustratif de ce type de regroupement planétaire utile en cette période de déprime, pour peu que les atouts dont il jouit puissent être investis à leur juste valeur et convertis en force décisionnelle sur une carte géostratégique qui n'est plus ce qu'elle était il y a tout juste une année. La crise des subprimes ayant eu l'effet d'inaugurer le cycle infernal auquel se trouve livrée aujourd'hui la planète économique mondiale, en montrant et en prouvant la fragilité des systèmes bancaires sur lesquels reposent les empires économiques, le reste n'est sans doute que suite logique d'étapes inévitables d'une déprime conjuguant récession, licenciements, chômage, fermeture d'usines et autres malédictions au temps de la vérité et au mode de la fatalité. Et c'est dans cette sombre situation faisant perdre aux pays hyper-développés leurs capacités à faire de la prospective en les réduisant au strict minimum des manœuvres qui consistent à limiter les dégâts, que les Non-alignés font leur retour sur la scène. La réunion de la Havane, entamée hier, donne déjà, dans ce sens, un avant-goût sur l'ambiance qui devrait prévaloir les 11 et 16 juillet prochain en Egypte, à l'occasion du Sommet des Non-alignés. Dans une conjoncture de crise où il devient de plus en plus prétentieux que d'affirmer avoir son destin entre les mains, nombreux parmi les 118 pays d'Amérique latine, d'Asie et d'Afrique qui composent le mouvement sont face à leur destin. Au-delà des questions internationales, d'ordre politique, social, ce destin est avant tout économique. Par excellence, imposant inévitablement une concertation fructueuse en termes de consolidation de la coordination et de la solidarité pour faire force commune contre la crise. La redynamisation du mouvement, son renforcement et sa cohésion en cette période de dure épreuve partagée passent par ce défi et par la capacité des pays non-alignés à être alignés sur le même front contre la menace à laquelle s'exposent les économies en développement ou, pire encore, le drame de catastrophe humaine qui frappe déjà les pays pauvres, conséquence d'une détérioration économique mondiale qui ne respecte plus aucun plan de sortie de crise.On n'est jamais mieux servi que par soi-même et, ce n'est visiblement pas en cette période où ils n'arrivent même plus à sauver leurs économies que les pays riches vont tendre une main solide aux pays en voie de développement. Vérité pour vérité, que les pays non-alignés la regardent toute crue et l'appliquent eux aussi. Il y va de l'avenir de leurs peuples. L. I.