La visibilité des marchés pétroliers est-elle en train de progresser ? Actuellement, les prix de pétrole oscillent entre 44 et 55 dollars. Le franchissement des 55 dollars sur le contrat à terme brent confirmera, selon Agence option finance (AOF), une marque du groupe Option finance, que la contraction économique «se résorbe» et ouvrira des «perspectives de croissance». Les cours de pétrole sont passés de près de 70 dollars le baril à plus de 145 dollars de la mi-2007 à la mi-2008, faisant ainsi augmenter le niveau général des prix de près de deux points aux Etats-Unis du seul fait de la hausse de l'essence à la pompe. A commencer par les responsables de l'OPEP, les observateurs des marchés pétroliers soulignent que les bas cours actuels sont «insoutenables». Mais cette tendance va-t-elle se poursuivre longtemps ? Pour beaucoup, le plus dur étant passé -comprendre un fléchissement de la chute des prix- la visibilité du marché va progresser. Pour le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, les cours reprendront leur hausse vers la fin de l'année en cours. Un point de vue partagé par nombre d'experts en la matière. Des cours bas, cela ne va pas durer, note pour sa part le secrétaire général de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, lors de sa visite de travail, à Alger, la semaine dernière. Pour le moment, les choses ne sont pas claires et le marché n'a pas trouvé son point d'équilibre, à en juger par une somme d'éléments , dont le gonflement des stocks américains. Selon les données publiées par le département américain à l'Energie (DoE), les réserves hebdomadaires de brut s'établissent à 374,7 millions de barils, en hausse de 4,1 millions de barils, leur plus haut niveau depuis septembre 1990. C'est important en volume. C'est une croissance près de deux fois plus forte que les 2,2 millions de barils supplémentaires attendus par le marché. A l'inverse, les stocks d'essence aux Etats-Unis sont toujours en baisse. Ils ont chuté de 4,7 millions de barils pour se situer à 212,6 millions alors que les analystes tablaient sur un recul de seulement 200 000 barils. Les stocks de produits distillés, dont le gazole et le fioul, de chauffage sont aussi dans une proportion à la hausse. En valeur, ils ont augmenté de 1,8 million de barils, à 144,1 millions, contre les 700 000 attendus par les analystes. Pendant ce temps, les prévisions de demande mondiale de pétrole émanant de l'AIE et de l'OPEP ont été revues à la baisse et dans des proportions inattendues. Les deux organisations parlent le même langage ou presque à ce sujet, même si le secrétaire général de l'OPEP estimait, récemment, que les données fournies par l'AIE sont «exagérées». Tenant compte de l'évolution de l'économie mondiale, de la baisse du PIB mondial et de l'état actuel des marchés, les prévisions de la demande pétrolière mondiale se situent, en avril dernier, au-dessous de 84 millions de baril/jour (Mb/j) pour 2009, soit 0,6 million de moins qu'en mars. Des chiffres qui compliquent davantage les efforts déployées par l'OPEP. L'équilibre sera ainsi difficile à établir. L'OPEP est appelée dans pareille situation de faire preuve de plus de discipline dans l'application de décisions de baisse de quotas engagées fin 2008. Selon des estimations faites par le journal le Figaro, les prévisions de l'organisation pétrolière seront encore revues à la baisse, vers «82 millions de barils par jour à 83 millions de barils par jour». Les responsables de l'OPEP font remarquer que les mesures de réductions prises sont respectées à plus de 80%. Mais elle veut avoir un pourcentage avoisinant 90%, ce qui est possible, parce que les pays membres de l'organisation savent que, s'ils n'appliquent pas les baisses qu'ils adoptent, ils seront les premiers à subir les effets de la chute des prix. L'organisation viennoise souligne qu'un baril à cinquante dollars ne permet pas aux pays membres d'engager des investissements dans les hydrocarbures. Elle table plutôt sur un baril à soixante-dix dollars. L'OPEP va se réunir le 28 mai à Vienne. Va-telle abaisser sa production ? Peu probable. L'organisation est préoccupée par le surapprovisionnement. Il reste encore «700 000 barils par jour à retirer du marché». C'est le propos de Abdallah El Badri, au cours de sa visite à Alger. L'évolution des marchés pétroliers a été examinée à la faveur de cette visite. Après Alger, le secrétaire général de l'organisation pétrolière se rendra à Moscou. Il n'est pas exclu que les Russes soient invités à la rencontre du 28 mai prochain. Y. S.