Même si l'initiative prise, hier, pour réanimer le bloc maghrébin, économiquement, est venue des hommes d'affaires plutôt que des officiels, il n'en demeure pas moins que les questions politiques ont refait surface, timidement. C'est ainsi qu'en marge de cette rencontre économique, qui a vu la participation de pas moins de 600 hommes d'affaires, le ministre de l'Industrie et de la Promotion des investissements Abdelhamid Temmar interrogé à propos de la question de l'ouverture des frontières entres l'Algérie et le Maroc que «les gouvernements se rapprochent pour trouver les bonnes solutions (pour la question des frontières). Le ministre, qui s'est dit «optimiste» quant aux résultats des travaux de cette rencontre, a affirmé, en outre, que ce forum est un pas important du secteur privé. Dans le même ordre d'idées, le ministre considère que «la meilleure défense contre la globalisation financière est l'organisation d'une union régionale». Pour M. Temmar, les stratégies unilatérales ne doivent pas persister car «elles sont suicidaires et risquent d'affaiblir les positions des uns et des autres».Cependant, le président en exercice de l'UME, M. Hédi Djilali, n'a pas tourné sa langue quant aux obstacles qui freinent l'émergence de ce bloc régional. Il pense en fait que faute d'un marché commun et unifié, des milliers de projets dorment dans les tiroirs. A ses yeux, seul ce marché peut contribuer à dynamiser les relations intermaghrébines.Quant au secrétaire général de l'Union du Maghreb arabe (UMA), M. Habib Ben Yahia, ce dernier affirmera que la tenue de ce premier forum se veut comme une première étape vers l'intégration économique. Il a appelé ainsi les hommes d'affaires maghrébins à promouvoir le Maghreb en tant que région attractive pour les investissements directs étrangers (IDE).Pour sa part, M. Boualem M'rakach, président de la Confédération algérienne du Patronat (CAP) et membre fondateur de l'UME, M. Boualem M'rakech, a parlé dans son allocution d'une «nécessité urgente». Il a estimé que la tenue du premier forum des hommes d'affaires maghrébins dénote de la volonté des milieux d'affaires de la région «à travailler ensemble pour l'émergence d'une action économique commune.» Dans ce sens, M. M'rakech a souligné que «l'intégration économique des pays de l'UMA est la voie incontournable et un instrument privilégié pour arrimer ce groupement économique à l'économie mondiale.»Il relèvera, par ailleurs, que le volume des échanges entre ces pays est également très limité (3%). «Un volume qui reste très limité, comparé à celui de l'ensemble des échanges des pays de l'UMA avec l'Union européenne qui représente pas moins de 70% de leur commerce extérieur», précisera-t-il.De son côté, le représentant de la directrice de la commission économique pour l'Afrique CEA des Nations unies, a estimé que le défi auquel est confrontée la région est celui de mettre en place des moyens pour réaliser les objectifs tracés. Néanmoins, note-t-il, le secteur privé, en organisant ce Forum, est résolu à dépasser toutes les contingences et à mettre en œuvre cette ingénierie. Devant le Maghreb, analyse-t-il, des pistes s'imposent pour concrétiser cette ingénierie. Il cite, entre autres, pistes «la mise en place d'institutions crédibles», l'encouragement des PME, la mise en place d'une chaîne logistique intra-maghrébine ainsi qu'une complémentarité industrielle. Par ailleurs, le conférencier a soulevé la question des liaisons maritimes maghrébine qui représentent, juge-t-il, un élément important pour le développement des échanges entre les cinq pays. Le représentant de la CEA de l'ONU a conditionné cette ntégration par le dialogue. Il affirme sur ce point que le dialogue demeure un élément nodal. La question de crise financière et ses effets sur les pays du Maghreb s'est taillée la part du lion durant les débats d'hier. En fait, plusieurs spécialistes ont présenté des communications relatives aux effets mais également les réponses possibles. Affirmant que les exportations des pays du Maghreb ont connu des baisses drastiques, plusieurs spécialistes qui se sont succédés au pupitre n'ont pas hésité à souligner l'impératif d'une réponse globale à cette crise, notamment en mettant en place une entité soudée et une complémentarité dans tous les domaines. Ces spécialistes ont appelé globalement à produire et consommer maghrébin. En d'autres termes, pour la «maghrébinisation» de la production de ces pays… S. B.