Photo : Riad Par Ali Boukhlef Réhabilitation de grandes entreprises publiques, aide illimitée au agriculteurs et une protection accrue de la production nationale, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a ainsi réservé ces annonces, presque triomphales, aux parlementaires du Conseil de la nation venus l'écouter, jeudi dernier, en réponse à leurs préoccupations, exprimées à l'occasion du débat sur le plan d'action du gouvernement. Ahmed Ouyahia n'a pas seulement réussi son exercice oral. Faisant mieux que les «élus» et se sentant beaucoup plus à l'aise qu'il y a une semaine à l'Assemblée populaire nationale, le Premier ministre s'est donc permis des annonces exclusivement économiques. A commencer par les plans de redressement de trois grandes entreprises nationales. Il a, en effet, indiqué que, dès le mois de juin, les dossiers de Saidal (produits pharmaceutiques), de ENMTP (engins de travaux publics et tracteurs, Constantine) et de PMA (matériel agricole, Sidi Bel Abbès) seront traités au niveau du gouvernement en vue de leurs réhabilitation. Cette décision, a expliqué le Premier ministre, vise à réhabiliter les grands industriels nationaux et à consacrer la préférence nationale en la matière. «Comme nous l'avons fait pour le médicament, nous allons prendre des mesures pour ne plus importer ce que nous produisons», a déclaré Ouyahia, d'un ton serein, avant de poursuivre : «A ceux qui disent que c'est le marché, nous disons que d'autres pays font cela, je ne vois pas pourquoi pas nous.» Il a en même temps démenti les informations concernant des «privatisations douteuses». Ces grandes décisions visent encore, selon l'orateur, à transformer l'Algérie de pays dépendant des hydrocarbures à un pays à économie diversifiée. En faisant ces annonces, le Premier ministre n'a pas oublié qu'en 1997, des décisions similaires avaient été prises sans résultat probant. «Nous allons donner des moyens et un cadre juridique pour permettre à ces entreprises de moderniser leurs équipements et être compétitives». Et si elles le sont moins aujourd'hui, c'est à cause, a-t-il expliqué, de la forte concurrence étrangère. L'autre grande décision du gouvernement concerne l'agriculture. Là, Ouyahia est allé un peu plus loin que le président de la République en parlant d'un budget illimité pour le secteur. «Si les 1 000 milliards de dinars ne suffisent pas, nous allons rallonger», a annoncé, en effet, le Premier ministre, qui a même donné des détails. Pour un acquéreur d'une machine agricole, l'Etat versera 60% du prix. Il fera de même pour les semences, à hauteur de 25 à 30%. Cela en plus, bien sûr, des aides que donne l'Etat aux éleveurs et l'achat de produits agricoles de première nécessité, à l'image du blé et de la pomme de terre, à des prix parfois plus élevés que ceux du marché international, l'objectif étant de limiter au maximum la facture de l'importation. A côté de ces annonces, Ouyahia a communiqué d'autres chiffres : les hydrocarbures ne représentent que 45% du PIB (produit intérieur brut) contre 20% pour les services, 8% pour l'agriculture, 9% pour le BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique) et uniquement 5% pour l'industrie. Le reste de l'intervention du Premier ministre est une réponse aux questions des sénateurs. Il a par exemple annoncé que les effectifs des juges vont doubler d'ici à cinq ans pour faire face à un manque en la matière. Il a également annoncé la réhabilitation des compétitions sportives scolaires et universitaires. Ouyahia a aussi indiqué que la wilaya d'Alger sera dotée de deux nouveaux stades de 40 000 places et a rassuré les habitants du Grand Sud quant à la construction de nouvelles routes, en plus du parachèvement de la transsaharienne. A côté de cela, le Premier ministre a justifié le non démarrage du complexe sidérurgique de Bellara, à Jijel, par le fait que l'Etat «veut prendre 51% des actions». Par contre, a-t-il dit, l'annulation de certains investissements arabes est dû essentiellement «à la crise financière internationale» par le fait que certaines de ces entreprises, issues essentiellement des pays du Golfe, ont des liens avec le réseau financier mondial. Malgré ces annonces, Ouyahia s'est estimé incompris. C'est pour cela qu'il entend «moderniser la communication gouvernementale». A. B. «Le terrorisme est détruit» Interrogé en marge des travaux du Conseil de la nation, le Premier ministre, qui a dénoncé l'attentat de Biskra, a assuré que le terrorisme «est détruit».«Le terrorisme est détruit. Il ne constitue plus une menace pour l'Etat. Nous en avons fini d'abord par le force et politiquement, ensuite, à travers la politique de réconciliation nationale», a notamment réagi Ahmed Ouyahia.