De notre correspondant à Paris Merzak Meneceur Les élections au Parlement européen se suivent et se ressemblent car le principal vainqueur du scrutin à la proportionnelle est toujours le même : l'abstentionnisme. En France, par exemple -le cas est identique dans presque les 27 pays qui composent l'Union européenne-, ce sont six électeurs sur dix qui ont boudé les urnes ce dimanche 7 juin. Les listes en compétition électorale ont eu donc à se partager seulement 40% des voix des citoyens intéressés par le devenir de l'Europe, en tout cas celle qui est proposée, et du rôle, de plus en plus important, de son Parlement et ses 736 députés. A l'issue d'une campagne plutôt terne, sans un véritable éclairage donné aux citoyens sur les grandes questions européennes, les Français qui se sont rendus aux urnes ont dérouté les pronostics concernant certaines formations politiques, tout en assurant un large succès à la majorité présidentielle qui est arrivée largement en tête avec 27,87% des suffrages exprimés qui lui assurent 29 députés sur les 72 revenant à la France. Le président Sarkozy et ses partisans se sentent confortés par ce score et entendent en tirer le plus grand des dividendes en annonçant la volonté de poursuivre la politique des réformes engagée depuis deux ans, malgré la dureté de la crise économique. «Le président de la République prendra dans les jours qui viennent des initiatives ouvrant de nouveaux chantiers», a déclaré le palais de l'Elysée dans un communiqué diffusé lundi matin. Mais derrière l'UMP, que de surprises. L'une des plus importantes est la déroute des socialistes qui, des plus des 20% espérés, n'ont réuni sous leur bannière que 16,48% des voix (14 sièges). Les électeurs ont sanctionné un parti politique en crise depuis des années, en manque d'unité et d'absence d'un projet de société et de programme. Comme tous les partis socio-démocrates de l'Europe, ils son incapables de faire face à la crise économique et sociale avec des propositions crédits et de gauche. La seconde surprise a été créée par le mouvement Europe Ecologie qui talonne le PS avec l'inattendu 16,28% (14 sièges). Impulsé par Daniel Cohn-Bendit, les écologistes ont su mener une campagne électorale axée sur l'Europe avec, au centre de leurs préoccupations, l'écologie et l'environnement. Ils ont su capter une partie de l'électorat socialiste et de celui du centriste François Bayrou dont la déroute constitue la troisième surprise de l'élection. Avec seulement 8,45% (6 sièges), le Modem a donné raison à ceux qui lui reprochaient de confondre le débat d'ordre national et une campagne européenne. Parmi les autres listes, celles du tout nouveau du Front de gauche (alliance de l'ex-socialiste Jean Luc Mélenchon et du Parti communiste) a su tirer son épingle du jeu avec 6,05% (5 sièges) alors que l'extrême gauche recueille 10% mais n'obtient aucun siège car divisée comme d'habitude en plusieurs listes. Si l'enseignement principal de cette élection européenne est le fort taux d'abstention, le succès de la majorité présidentielle ne doit pas masquer le fait que plus de 70% des électeurs n'ont pas voté pour elle dans un pays où la gauche majoritaire souffre de ses divisions. Le Parti socialiste est grandement interpellé par l'histoire, se ressaisir, se marginaliser ou s'interroger avec les autres forces de gauche sur la nécessité d'offrir ensemble aux Français une politique alternative à celle du pouvoir. Un pouvoir qui, au Parlement européen, restera à la droite qui a raflé la mise dans presque les 27 pays de l'Union européenne.