Il n'y a que la poésie qui est capable de raconter les pleurs d'un pays déchiré. Seuls les mots peuvent exprimer la douleur d'une séparation d'avec son pays. C'est ce qu'a essayé de faire le poète et journaliste irakien Abderrahmane Djaffar El Kinani, qui vient de publier un recueil de poésie intitulé Baghdad maudit Zarathustra.Edité par Dar Nouamane, à Alger, ce recueil de poésie, aux allures nostalgiques et historiques, comporte quatorze grands poèmes, tous dédiés à l'Irak. D'abord l'Irak historique, celui de Babylone, des jardins suspendus et des dieux. Vient ensuite, l'Irak d'aujourd'hui, un pays déchiré par la guerre et les problèmes politiques. Abderrahmane El Kinani, qui a lui-même fait les frais de ces problèmes puisqu'il s'est exilé et travaille actuellement comme journaliste en Algérie, retrace donc les péripéties de son pays. «Lorsque je suis dégoûté de l'inertie qui me transforme en pierre parlante ; j'ai décidé de faire le chemin ; entre moi et le temps promis ; à la quête des idées ; et quand je suis arrivé, je n'avais avec moi aucune idée», écrit le poète, dans un poème introductif. Parmi les poèmes phares du recueil, on trouve une longe évocation de la période de l'Irak antique dans Tragédie babylone. «Assiégé ; je suis acculé par le tyran ; nu dans un cercueil ; le fossoyeur est chargé de me mettre un linceul ; il m'a mis dans endroit déserté […] », écrit le poète qui évoque à l'occasion des dieux de cette période, à l'instar de Achtar, dieu de l'amour et de la beauté, ainsi que Anlil et tant d'autres encore. Le dieu Achtar revient dans un autre poème intitulé Violation de Achtar. «Le diable de la force crie ; au suivant ; de plus près ; de plus loin : Babel …!!! Légitime… les issues du vent sont étroites ; aucune porte ne reste fermée dans ton fort ; on t'a préparé des lapideuses de la mort ; dans des péchés suspendus ; Pharaon, avant toi ; a entendu et répondu ; et la liberté a ton égard ; des creux et des décombres ; le diable a voulu ; que le clan Babylone monte au trône […]», écrit encore El Kinani. Ce beau poème est suivi d'un autre texte évocateur sous le titre de Psalmodies de Zarathustra, et d'autres poèmes tous évocateurs. En somme, un beau plateau que nous offre le poète irakien qui remercie l'Algérie «terre, hommes et révolution». Le recueil de 72 pages est édité en arabe aux éditions Dar Nouamane. Son prix n'est pas mentionné. A. B.