De notre correspondant à Sidi Bel Abbès Mohamed Medjahdi La ville grouille en cette matinée de vendredi. Les friperies sont prises d'assaut. Le travail informel bat son plein. La saisonnalité offre une diversité d'emplois, allant du chauffeur de taxi clandestin, en passant par le marchand ambulant, le revendeur de fruits et légumes, jusqu'au «pirate» des logiciels, revendeur des produits cosmétiques, etc. Une armada de jeunes s'adonne au travail saisonnier en cette période estivale. Dans cette ville qui ne cesse de grandir et devant des «migrés» venus s'y installer, les jeunes chômeurs ont du mal à faire des emprunts, trouver un logement, consommer, faire des projets. Selon notre enquête, on les considère souvent comme une variable d'ajustement de l'activité. Car lorsqu'il y a affluence de postes en période de chantiers, on embauche. Lors de la baisse d'activité, à la fin des travaux, on «débauche». Dès lors commence, pour ces jeunes et ces pères de famille, de nouveau le sempiternel parcours du combattant, à la recherche d'un job quelle que soit sa nature, surtout en été car la saison est suivie par, entre autres, la rentrée scolaire, le mois de ramadhan et l'Aïd. Jeunes, chômeurs, étrangers à la région, ils sont de plus en plus nombreux dans les souks, les restaurants, les fast-foods, les marchés, les crémeries… C'est le boom. Les saisonniers seraient pourtant toujours plus nombreux dans cette wilaya qui a vu son activité commerciale fleurir davantage grâce à sa position géographique. Difficile cependant de chiffrer le phénomène avec précision. Les données statistiques sont rares et le statut de saisonnier reste flou dans la wilaya de Sidi Bel Abbès. L'avantage, c'est que, dans la plupart des cas, les chômeurs saisonniers s'en sortent mieux, à l'image du clandestin qui rapporte mieux que le taxi, du revendeur de CD piratés qui enregistre un bénéfice reluisant. Cet emploi d'été ou saisonnier constitue le plus souvent une première expérience pour les jeunes. Ces emplois temporaires leur permettent de découvrir le monde du travail, ses règles, ses difficultés mais aussi ses satisfactions. Durant les quatre mois, de juin à septembre, le temps est largement suffisant pour les étudiants, dont les parents ne peuvent subvenir à l'intégralité de leurs besoins, d'accumuler suffisamment de ressources pour éviter autant que possible d'avoir à mener de front, le reste de l'année, parcours universitaire et «petits boulots». Malheureusement, soulignent des universitaires croisés ici et là, ce cumul emploi/études est l'une des premières causes de l'échec universitaire, même si avoir un emploi, c'est d'abord garder sa dignité. Par ailleurs, dans cette wilaya, le travail non déclaré touche bon nombre de personnes et constitue par conséquent l'une des questions d'intérêt commun en matière d'emploi. Selon certains, le principal attrait de l'économie informelle est que ce type d'activité permet aux employeurs, aux salariés et aux travailleurs indépendants d'augmenter leurs revenus ou de réduire leurs coûts en échappant à l'impôt et aux cotisations sociales. Ceci explique que le travail non déclaré peut avoir un impact considérable sur les finances publiques du fait des pertes qu'il implique en termes de recettes fiscales et de cotisations sociales. Face cependant au travailleur non déclaré, beaucoup plus exposé aux risques professionnels qu'un salarié, des contrôles rigoureux sont souhaités pour dévoiler cette exploitation.