Il est vénéré par les Blidéens. Et pour cause ! Abdelkader Ezzraïrmi n'a pas fait qu'investir dans l'agroalimentaire. Outre les pâtes, le couscous, le groupe SIM, c'est de lui qu'il s'agit, a mis son argent dans d'autres secteurs. Construction d'une clinique, d'un centre d'accueil pour nécessiteux, d'un centre d'affaires comprenant une crèche, autant d'investissements que les citoyens blidéens ont accueillis avec beaucoup de satisfaction. Des citoyens, bien entendu qui ont les moyens de payer ces services, ô combien onéreux. Car, faut-il le préciser, les services de la clinique, comme ceux du centre d'affaires ou encore de l'immobilier dans lequel Abdelkader Ezzraïmi a investi sont loin d'être gratuits. C'est ce même P-DG à la tête de plusieurs entreprises, du président-directeur général de l'OAIC et d'une douzaine de cadres et d'ex-cadres du même office, qui devront répondre des chefs d'inculpation que le juge d'instruction du tribunal d'El Affroun, près la cour de Blida, a retenus contre lui. Il s'agit, selon l'accusation, de passation de marchés contraire à la réglementation, de dilapidation des biens de l'Etat, d'écarts de poids, de faux et usage de faux, de fausse écriture sur documents officiels, de négligences ayant entraîné un manque à gagner et de complicité. C'est une simple lettre anonyme, envoyée probablement par un cadre de l'Office interprofessionnel de l'importation de céréales qui a tout déclenché. Elle faisait état d'irrégularités dans la passation de marchés accordés au groupe SIM. Une enquête est alors ouverte contre le p-dg de SIM en 2007. Elle a duré 8 mois. Une expertise a été demandée par la justice pour déterminer le montant du préjudice causé à l'OAIC. Compte tenu des largesses accordées par la direction de l'Office, notamment en 2003. Les investigations ont révélé qu'une réduction sur le prix du blé dur a été consentie à SIM. Elle est évaluée à 8 milliards de centimes. Plus d'une centaine de personnes ont été entendues par la Gendarmerie nationale, dont 37 responsables de l'OAIC. Parmi elles, le P-DG de l'Office, M. Kacemi, le directeur de la régulation et de la distribution, le directeur des finances, le directeur du commerce extérieur ainsi que l'ancien directeur régional centre. Ils ont été inculpés par le magistrat instructeur. Beaucoup de cadres ont vu leur train de vie évoluer en raison de fortunes accumulées alors que leur salaire ne le leur permettait pas. Des enquêtes ont été diligentées sous le contrôle du ministère public. Ce serait le cas du P-DG, dont beaucoup de blogs sur Internet révèlent les acquisitions immobilières qu'il se serait offert en un temps record. Ce même P-DG qui a été félicité publiquement par le ministre de l'Agriculture de l'époque, en l'occurrence Saïd Barkat. M. Kacemi a été mis le jour même sous contrôle judiciaire par le magistrat en charge du dossier. C'est Ce P-DG qui se serait rendu coupable de la réduction du prix du blé dur vendu au groupe SIM, de l'ordre de 2 à 3% le quintal. Ces réductions ont été justifiées, en interne, par le fait que le groupe dirigé par Abdelkader Ezzraïmi était un excellent client, avec des marchés atteignant jusqu'à 5 milliards de centimes par semaine. Joli pactole, estimerait le citoyen lambda. Selon les termes du décret régissant le fonctionnement et l'organisation de l'Office interprofessionnel, celui-ci se devait de respecter le quota de 50% dans la vente du blé dur. Avec cette précision, selon des sources proches de l'enquête, que l'OAIC faisait bénéficier le groupe SIM d'un délai de paiement, de manière indirecte équivalent à celui accordé par les importateurs privés. Alors qu'en principe, l'OAIC exigeait, toujours selon le même décret, le paiement cash. Pourquoi cette faveur alors que SIM avait plus d'avantages auprès des privés ? Seul le procès, qui débutera aujourd'hui, pourra éclairer l'opinion publique sur le dessous de cette affaire. Des révélations sont attendues. F. A.