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L'OAIC au banc des accusés
douze de ses cadres et le P-DG de SIM sous contrôle judiciaire
Publié dans La Tribune le 26 - 05 - 2008


Photo : Zoheïr
Par Hasna Yacoub
Le président-directeur général du groupe SIM (Semoulerie industrielle de la Mitidja), l'un des plus importants en Algérie dans le secteur de l'agroalimentaire, est depuis des semaines sous contrôle judiciaire. Inculpé avec douze autres personnes, cadres et ex-cadres de l'OAIC (Office algérien interprofessionnel des céréales), par le tribunal d'El Affroun pour passation de marché contraire à la réglementation, dilapidation des biens de l'Etat, écarts de poids, faux et usage de faux, fausse écriture sur document officiel, négligence ayant entraîné un manque à gagner et complicité, le premier responsable du groupe SIM a fait objet d'une enquête ouverte en 2007 suite à une lettre anonyme faisant état d'irrégularités dans les marchés accordés à son groupe. L'enquête sur cette affaire, qui a duré huit mois, vient d'être achevée et une expertise judiciaire est en cours pour déterminer le préjudice causé à l'office par les «largesses» accordées par ses responsables depuis 2003. Pour les réductions sur le prix du blé dur, le montant s'élève à 8 milliards de centimes, selon une première estimation. La cellule de recherches de la Gendarmerie nationale a entendu 113 personnes dans cette affaire, dont 37 responsables de l'OAIC : le P-DG, le directeur de la régulation et de la distribution, le DFC, le directeur du commerce extérieur et l'ex-directeur régional centre ont été inculpés. Deux ex-directeurs ainsi que l'actuel de le CCLS d'El Affroun ainsi que le directeur du service de qualité, le chef de service gestion des stocks et le chef de service transit ont été inculpés. D'autres responsables de la Société de transport ferroviaire des céréales, tels que le P-DG, le DFC, le DC et les 3 chefs de gare de Blida, d'El Harrach et de Gué de Constantine, ont été auditionnés avec des responsables des unités de Rouiba, de Khemis Miliana et du port d'Alger.
En parallèle, d'autres enquêtes ont été menées sur la fortune accumulée en un temps record par certains inculpés dans cette affaire. Selon nos informations, c'est le cas notamment pour le directeur général de l'OAIC qui devrait sûrement expliquer les signes extérieurs de richesse ne s'accordant pas avec son niveau social. C'est ce directeur général de l'OAIC -félicité par son ministre par le biais de la presse le jour même de sa mise sous contrôle judiciaire- qui a décidé de la réduction du prix du blé dur vendu au groupe SIM. Une réduction qui paraît à première vue insignifiante : 2 à 3% du prix initial du quintal (entre 50 et 150 DA par quintal). Mais qui reste importante si on précise que ce groupe était le meilleur client de l'office régional de Blida avec des marchés atteignant les 5 milliards de centimes par semaine ! L'OAIC est un EPIC (Etablissement public à caractère industriel et commercial) et selon le décret qui le régit, le prix du blé dur est libre alors que celui du blé tendre (subventionné par l'Etat) est fixe. Le décret fixe également pour l'office, qui importe le blé des deux catégories, la vente du blé tendre aux minoteries par un système de quotas selon la capacité de trituration de chacun. Durant une période de quatre années, selon des informations proches de l'enquête, SIM a bénéficié d'une réduction du prix du blé dur auprès de l'OAIC chez lequel il s'approvisionnait à hauteur de 50%.
Le groupe SIM était au début le seul bénéficiaire de cette réduction, avant que l'opération ne soit généralisée à l'ensemble des clients dans différentes régions du pays. Mais cette mesure semble, en réalité, n'avoir été bénéfique que pour ce groupe, détenteur de plus de 30% du marché national (semoulerie et pâtes), puisque, durant la même période (2003-2007), les propriétaires des autres minoteries n'ont pas pris d'assaut les coopératives de l'OAIC pour une plus grande acquisition de blé. L'importation de blé dur étant libre, il semblerait que les gestionnaires des autres minoteries préféraient s'adresser aux importateurs privés qui pratiquaient des prix similaires à ceux de l'OAIC mais offraient un délai de paiement plus important (jusqu'à 90 jours, alors que l'OAIC exige le paiement de ses factures au bout d'une dizaine de jours). C'est du moins les explications données par certains inculpés lors de leur audition par les éléments de la cellule de recherches de la Gendarmerie nationale. Ces derniers ont même soutenu que dans la perspective d'une crise sur le marché international à la veille de l'éclatement de la guerre d'Irak, le gouvernement algérien avait décidé d'importer des quantités importantes de blé (stocks de sécurité) qui ont largement dépassé les capacités de stockage locales.
Selon leurs explications, la CCLS s'est retrouvée, après l'ouverture au privé d'importer le blé, avec des stocks très importants car elle n'aurait pas trouvé preneur chez les meuniers nonobstant les opérations de forcing qu'elle aurait réalisées auprès d'eux. «Ces quantités de blé auraient fait l'objet de déprédation si elles n'avaient pas été reprises par le groupe SIM, et la CCLS aurait fait banqueroute puisqu'elle aurait été dans l'incapacité d'assurer le salaire des employés», avaient expliqué des cadres de l'OAIC.
Autrement dit, le groupe SIM «rendait service à l'Etat», mais une question s'impose alors : quel intérêt avait SIM à s'adresser à l'OAIC si ses prix n'étaient pas très loin de ceux ces privés sans les avantages de ces derniers ? Il est concevable de penser que le groupe n'ayant pas de problèmes de liquidités préférait s'adresser à un EPIC plutôt qu'aux privés si les conclusions de l'enquête n'avaient pas révélé que SIM accusait d'importants retards dans le règlement de ses factures. Ce client avait droit à des crédits indirects, avait conclu l'enquête de la gendarmerie.
Le groupe SIM, en négociant la réduction des prix pour l'acquisition de blé dur, n'a aucunement pensé à faire «humer» au simple citoyen l'incidence de la baisse des prix dont il a bénéficié. Autre question qui s'impose : pour quelle raison la justice a-t-elle décidé d'inculper le P-DG de SIM et celui de l'OAIC ainsi que 11 autres cadres si le prix du blé dur est libre ? Selon des informations recueillies auprès des enquêteurs, le directeur de l'OAIC aurait pris, d'un côté, la décision de réduire le prix sans en référer à son conseil d'administration, en donnant des instructions aux directeurs des coopératives verbalement au téléphone.
D'un autre côté, il aurait accordé au groupe SIM une certaine «largesse» dans les quotas de blé tendre alors que ces derniers sont fixés par l'Etat et ne devaient, à cette époque, en aucun cas dépasser les 50% de la capacité de la minoterie. Il s'agit là d'une instruction, signée par Ahmed Ouyahia en 2004, qui précisait que chaque moulin a droit à 50% de sa capacité de production. Concernant ce volet, l'enquête avait démontré que SIM bénéficiait jusqu'à 180% de blé tendre au moment où les autres meuniers recevaient bien moins, mais aussi de quotas doublés, à partir de la Coopérative des céréales et des légumes secs (CCLS) de Blida et celle de Khemis Miliana uniquement pour le moulin de Aïn Romana à Mouzaïa. Mieux, les enquêteurs ont découvert que le groupe SIM avait déclaré auprès de l'OAIC une capacité de trituration de 950 tonnes/jour alors qu'en réalité cette capacité ne dépassait pas les 600 tonnes/jour. L'OAIC n'aurait pas effectué de visite technique comme le prévoit son règlement, selon la cellule de recherches.
A ce sujet, les enquêteurs ont même découvert que le chargé d'effectuer des visites techniques au niveau des minoteries était un licencié en droit ! Avec de telles largesses, le groupe SIM pouvait facilement acquérir des parts importantes du marché et s'ériger en force indétrônable et incontournable pour fixer les prix.
L'enquête de la cellule de recherches de la Gendarmerie nationale a duré huit mois et il apparaît, selon certaines sources proches de ce dossier, que ce temps n'a pas été suffisant pour mettre au grand jour certaines irrégularités décelées tout au long de l'investigation. A l'exemple des factures du groupe SIM d'importation de blé dur qui s'avèrent beaucoup moins importantes que celles de l'Etat, alors que le produit est acheté auprès du même fournisseur. Nos sources laissent entendre qu'il s'agit là de la qualité du produit importé. «Le produit est classé en choix. Alors, si le prix du premier choix est de 130 dollars le quintal, le dernier peut n'être que de 90 dollars le quintal», expliquent nos sources qui ajoutent qu'en dernière échelle est classé le blé destiné à la consommation animale. Une commission rogatoire aurait pu permettre à la cellule de recherches d'approfondir son investigation auprès des fournisseurs étrangers et de connaître les raisons des prix bas du blé dur importé par le groupe SIM. Cela aurait amené l'enquête, sans aucun doute, à interroger la commission chargée du contrôle de qualité des produits importés.
D'autres griefs sont retenus contre le groupe SIM par la cellule de recherches de la Gendarmerie nationale qui attend toujours d'obtenir les preuves matérielles pour engager les poursuites.
A signaler enfin que, selon certaines indiscrétions, les largesses dont a bénéficié le groupe SIM auraient été décidées à un niveau supérieur à celui du P-DG de l'OAIC. Ce dernier n'en fera pas part et continue à nier son implication, rejetant la responsabilité sur ses subordonnés. Ces indiscrétions font état également de la coïncidence qui fait que de nombreux ex-cadres du ministère des Transports aient atterri tous au ministère de l'Agriculture et dans ses structures.
H. Y.
Sim refuse de se prononcer
Afin de compléter l'enquête et d'avoir la version des faits du président-directeur général du Groupe SIM, nous avons pris attache avec le directoire. Son conseiller a formulé une fin de non-recevoir à notre requête en précisant que, tant que l'affaire est pendante devant la justice, le concerné ne se prêtera pas aux questions des journalistes et se réserve le droit de recourir à la justice si jamais il jugeait l'enquête diffamatoire.


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