Contrairement à beaucoup de secteurs industriels qui commencent à souffrir sérieusement des effets de la mondialisation et de l'ouverture de l'économie à l'importation tous azimuts, celui de l'agroalimentaire semble opposer une résistance farouche encourageante. Ce constat optimiste dans la grisaille actuelle qui frappe beaucoup d'unités de production et dont nombre d'entre elles sont contraintes de mettre la clé sous le paillasson, nous l'avons appris, au cours d'une journée d'étude avec visite sur chantier et atelier, organisée à l'intention des étudiants de l'institut agronomique de l'université Saâd-Dahleb par le groupe Sim dans son complexe de semoulerie, situé dans la zone industrielle d'Aïn Roumana, à vingt kilomètres de Blida, dans les piémonts de Tamesguida. En effet, la plupart des complexes et usines dans ce secteur stratégique non seulement se maintiennent admirablement, mais prospèrent et espèrent marquer des progrès notables dans l'amélioration de la qualité et la diversification des produits et l'augmentation des capacités de production en vue de faire face à la demande interne et d'envisager de se placer dans les marchés extérieurs. Il s'agit d'une politique non seulement mesurée mais orientée vers l'efficacité et l'agressivité. Les exemples dans la wilaya de Blida sont légion. Le plus réussi d'entre eux est sans conteste le groupe Sim qui, à partir de la semoulerie avec ses quatre branches de couscous, de pâtes, de farines et de semoules, a tissé une véritable toile d'araignée en créant une dizaine de filiales embrassant différents domaines, tels que la santé, l'agriculture, les services, l'énergie et l'éducation. Qu'est-ce qui explique que là où les gens du textile et du cuir, à titre d'exemple, ont fléchi sérieusement devant la concurrence asiatique et turque et autres, ceux de l'agroalimentaire ont réussi en arrivant à résister à des multinationales des pâtes, de la farine et du lait et ses dérivés? Pour M.Djamel Amour, l'explication réside en premier lieu dans le fait qu'il s'agissait d'un secteur stratégique qui avait nécessité une attention particulière en vue de relever le défi alimentaire. Toutefois, ce sentiment de fierté et de réussite ne doit pas cacher les difficultés qui entravent ce secteur qui dépend en grande partie de l'importation des matières premières, dont le blé. Certes de gros efforts sont faits pour garantir les quantités et surtout la qualité des produits importés grâce à un respect strict des règles de contrôle, mais il faudra à l'avenir penser à produire algérien par la mise en place d'une véritable politique d'encouragement aux agriculteurs nationaux. Cela est du domaine du possible, il suffit d'y penser en orientant les investissements. A lui seul, le groupe Sim qui a une capacité de production de 2000 tonnes par jour, finance par ses importations l'équivalent de 100.000 ha dans les larges prairies du Canada et des USA. A l'avenir, il faudra penser à la mise en valeur de nos hauts plateaux et des immenses terres du Grand-Sud. Ce sont des centaines de milliers de familles qui profiteront de la mise en valeur des millions d'hectares. L'Algérie dispose de tous les atouts humains, matériels et naturels pour réussir davantage dans l'agroalimentaire pourvu qu'il y ait un déclic de la part de nos autorités qui ne doivent pas démissionner devant leurs responsabilités dans un environnement international nouveau, souligne Mme Fourar, enseignante et chercheuse de l'Institut agronomique qui accompagne les étudiants. Enfin pendant notre présence, nous avons constaté les coupures fréquentes de l'électricité dans ce géant de l'industrie avec un matériel lourd et sophistiqué. «Que voulez-vous qu'on fasse», s'est plaint un responsable du groupe. «Ce que vous voyez là se produit couramment. Nous avons beau protesté auprès de Sonelgaz, mais les coupures continuent et seul Dieu sait ce que nous perdons à cause de ces coupures. Comment voulez-vous qu'on tienne ainsi tête à nos concurrents étrangers qui sont autrement plus équipés?» A l'exemple de ces expériences réussies, on peut affirmer qu'à l'avenir, le salut viendra sûrement de l'agroalimentaire qui sied à l'économie algérienne.