Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar La culture africaine, dans sa diversité infinie, a bercé plus de quinze jours durant le quotidien des Algériens. La fête, colorée et mouvementée, était partout plurielle. Chants, danses, défilés folkloriques, littérature, théâtre, cinéma, arts plastiques, design et artisanat, les créateurs et les interprètes du continent noir, dans une communion exemplaire, ont généreusement offert d'intenses moments de joie à leurs hôtes. La deuxième édition du Festival culturel panafricain d'Alger a, par-dessus tout, montré l'énergie, la volonté et la vigueur qui ont de tout temps caractérisé les traditions plusieurs fois millénaires des cultures populaires africaines. Cette vivacité justifie le succès du Panaf 2009 qui a étalé sa scène afin d'englober de nombreuses wilayas de la région nord du pays.Béjaïa en a justement profité pour s'abreuver de cette source ancestrale qui alimente de sa fraîcheur éternelle nos us et coutumes. L'africanité constitue effectivement une composante essentielle, si ce n'est le substrat même, de l'identité culturelle du Maghreb. C'est probablement cette identification qui explique la réaction positive du public local, lequel a merveilleusement accompagné le déroulement des manifestations. Du 10 au 17 juillet, les citoyens de la ville de Béjaïa et les estivants qui l'ont choisie pour y passer leurs vacances se sont parfaitement fondus dans les rythmes des chorégraphies africaines. Les 13 spectacles, organisés çà et là à travers la wilaya, ont suscité sympathie et émerveillement. La troupe Chichira Dance du Malawi et le groupe Houmeissa du Mali, auteurs de quatre représentations chorégraphiques de haute voltige sur l'esplanade de la maison de la culture, ont gagné l'aura des spectateurs qui venaient chaque soir, plus nombreux, les applaudir. Familles, jeunes et enfants se sont volontairement laissé gagner par la vitalité des percussionnistes et l'agilité des danseurs. Six troupes théâtrales (Ethiopie, Zimbabwe, Togo, Ouganda, Tanzanie et Guinée) ont également triomphé au Théâtre régional de Béjaïa. Les inconditionnels du quatrième art ont trouvé là une occasion unique pour plonger dans l'univers magique -et surtout inconnu- des arts dramatiques africains. Une pléiade d'artistes locaux (Sylia, Wahid Staïfi, cheb Tilalo et Ferhat Medrouh) ont également animé plusieurs concerts à travers les différentes localités de la wilaya. Tichy, Aokas, Kherrata et Akbou ont été autant d'escales où le folklore kabyle, la musique chaouie et le raï ont choisi le même plateau pour gratifier l'assistance d'une fête aux couleurs de l'Algérie. Notons que le passage des délégations africaines à Béjaïa avait joyeusement coïncidé avec deux festivals locaux des cultures populaires. Les wilayas de Guelma et de Oum El Bouaghi ont respectivement exposé leurs richesses culturelles et patrimoniales en présence des hôtes africains de la ville des Hammadides. Chants et danses chaouis, chaabi et gnawi des Aïssaoua ont fusionné dans la joie et la bonne humeur avec les tam-tam de la lointaine -et pourtant si proche- Afrique noire. En somme, Béjaïa garde un beau souvenir de ce sacré Panaf 2009.