Dans la famille algérienne tout le monde, en parlant d'un enfant qui fait plus imposant compte tenu de son âge, s'enorgueillit alors de sa… bonne santé. Elle s'inquiète alors très peu de ce qu'elle lui fait manger, ne s'en arrêtant qu'à la seule finalité de le repaître et alors peu importe ce qu'elle lui fait ingurgiter. N'a-t-on pas récupéré chez nous, sans crainte de sombrer dans le ridicule, cette métaphore pantagruélique : «Tout ce qui rentre fait ventre» ? N'est-il pas remarquable par ailleurs que l'obésité n'ait commencé à voir le jour dans le pays que ces vingt dernières années et l'étude d'un organe de l'ONU, en l'occurrence la FAO, est venu le confirmer dans le rapport Tahina qui conclut qu'ayant abandonné leur régime alimentaire ancestral à base de légumes frais et de fruits, les pays du pourtour méditerranéen ont opté pour le gras, le sucré et le salé. Quoique cet argumentaire ne suffise pas à expliquer à lui seul les dérives que vivent nos compatriotes en matière de respect de la… ligne. En effet, l'Algérien a totalement changé de comportement, se réfugiant non seulement dans une forme de sédentarité équivoque parce que inhabituelle mais se particularisant surtout par sa propension au moindre effort, à une amnésie incontestable sur tout type d'activité, naguère trait génétique de ses ascendants. C'est donc tout autant une question de bouffe et surtout de malbouffe à laquelle s'associe allègrement un contingent d'autres considérations telles que les conditions de vie, le stress, l'oisiveté, etc. D'un autre côté, la communication sur le sujet semble être le vrai talon d'Achille d'un phénomène que la société, d'une part, soupèse et que les pouvoirs publics, d'autre part, négligent à travers une affligeante démission et qui, néanmoins, reviendra à la figure de leurs responsables comme un boomerang dans un très proche avenir. Il faudrait juste se souvenir que, dans les pays développés, les responsables à des niveaux de décision très importants, se concertent sur les voies et moyens de faire face à ce nouveau péril qui pèse lourdement non seulement sur le Trésor public mais met surtout en situation de déséquilibre le fonctionnement des mécanismes sociaux. Entre être bien portant et être en surcharge pondérale (histoire d'édulcorer le qualificatif comparativement à obèse qui, plus ou moins, fait peur) le fossé est énorme. Et il est grand temps pour tous ceux qui sont concernés d'en tenir compte. Quant à l'individu lui-même, il suffirait qu'il se souvienne qu'il n'est pas normal de le désigner parce qu'il est anonyme par «le gros… là». A. L.