Le prix du pétrole continue d'enregistrer une courbe ascendante. Hier lundi, il a été affiché au-dessus de 72 dollars en début d'échanges européens, stimulé par des signes de reprise économique en Chine et en zone euro. Ainsi, le baril de brent de la mer du Nord (pour livraison en septembre) a pris, hier, en milieu de matinée, 88 cents par rapport à la clôture de vendredi, à 72,58 dollars, sur l'InterContinental Exchange (ICE). Il a touché un plus haut depuis le 30 juin à 72,89 dollars. Même tendance pour le brut léger texan (WTI) qui gagnait 1,04 dollar à 70,49 dollars sur le New York Mercantile Exchange. Cette courbe ascendante est justifiée par plusieurs facteurs, qui ont provoqué un nouveau recul des valeurs refuge comme la monnaie américaine, ce qui renforçait d'autant l'attrait du baril, libellé en dollars. Parmi ces facteurs,la production manufacturière en Chine a connu en juillet sa plus forte hausse depuis un an, soutenue par la demande intérieure, nouveau signe d'une reprise, selon l'indice des directeurs d'achats (PMI) publié lundi par CLSA (Crédit Lyonnais Securities Asia). En outre, l'indice des directeurs d'achats (PMI) du secteur manufacturier dans la zone euro s'est redressé encore plus que prévu en juillet, à son plus haut niveau depuis onze mois, ressortant à 46,3 points, contre 46 points dans une première estimation. «Après avoir déjà réalisé une bonne performance jeudi, les prix se sont encore renforcés vendredi […] une hausse soutenue par les chiffres du PIB américain», selon les analystes de JBC Energy, cités par les agences de presse. Toutefois, la réduction des réserves de l'or noir inquiète l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Le motif ? La reprise économique est menacée par une crise énergétique, «la plupart des grands champs pétrolifères ayant déjà passé leur pic de production». Pour l'économiste en chef de l'Agence internationale de l'énergie, Fatih Birol, cité par le quotidien britannique The Independent, «si cette crise énergétique intervenait dans les cinq prochaines années, elle pourrait compromettre la sortie de la crise économique». Pour cet expert, un prix du pétrole élevé, porté par une augmentation rapide de la demande, et une stagnation, voire un recul, de la production, risquent de faire dérailler la reprise. «Un jour, nous serons à court de pétrole. Ce sera ni aujourd'hui ni demain mais, un jour, il n'y en aura plus assez. C'est pour cela que nous devons abandonner le pétrole avant qu'il ne vienne à nous manquer. Nous devons nous préparer à cette échéance», a souligné Fatih Birol. En clair, il est temps de penser sérieusement à l'après-pétrole. Une chose qui n'est pas encore ancrée dans les politiques de plusieurs pays. «De nombreux gouvernements ne semblent pas réaliser que les réserves de pétrole s'amenuisent plus rapidement que prévu et le pic de production globale devrait se produire dans une dizaine d'années, soit une décennie plus tôt que ce qui était attendu jusqu'alors», prévient l'économiste en chef de cette organisation, qui représente les intérêts des pays industrialisés. «Plus tôt nous nous y mettrons et mieux ce sera, étant donné que tout notre système économique et social repose sur le pétrole. Pour changer cela, il faudra beaucoup de temps et d'argent. Nous devons nous attaquer à ce problème très sérieusement», a-t-il ajouté. S. B.