Les statistiques de l'emploi US ont donné un nouveau souffle aux cours du brut les portant à plus de 70 dollars le baril vendredi. Mais cela n'aura été que bref car les mêmes chiffres de l'emploi ont créé un enthousiasme certain sur les marchés financiers, consolidant la valeur du billet vert et grevant par la même occasion les bénéfices pris par le baril. Ainsi, les cours du brut retombaient vers 67 dollars le baril hier en début d'échanges européens, plombés par des prises de bénéfices, ainsi que par un fort regain du dollar face aux autres devises. Vers 10H00 GMT (12H00 HEC), le Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet cédait 1 dollar par rapport à la clôture de vendredi soir, à 67,34 dollars le baril. A New York, le baril de "light sweet crude" pour la même échéance perdait 1,10 dollar, à 67,34 dollars. En Asie, le baril de "light sweet crude" pour livraison en juillet perdait 47 cents à 67,97 USD, tandis que le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet reculait de 45 cents à 67,89 dollars. Les chiffres de l'emploi américain ont déclenché une forte réaction sur le marché des changes, dont l'influence pèse lourd sur le pétrole. Le dollar, qui avait touché la semaine dernière son niveau le plus faible de l'année, à 1,4338 euro pour un dollar, continuait à rebondir fortement. Il évoluait lundi, autour de 1,38 euro, un mouvement affectant l'ensemble des marchés de matières premières: sa hausse rogne le pouvoir d'achat des investisseurs et réduit l'attrait des matières premières comme placement anti-inflation. Annonce pouvant peser aussi sur les prix, "la Chine a déclaré qu'elle allait ajourner son programme visant à constituer des réserves stratégiques de brut, après avoir déclaré que la première phase de ce programme était achevée", ont rapporté les analystes du cabinet viennois JBC Energy. "Pékin espérait ajouter encore 169 millions de barils en 2009 (à ses réserves stratégiques), un plan qui semble avoir été ajourné à la fois en raison des prix plus élevés (du pétrole) et des retards dans la première phase du programme", détaillaient-ils. Focalisés sur le dollar, les investisseurs semblaient ignorer ainsi la montée des tensions au Nigeria, premier producteur de brut africain. Le principal groupe armé du sud du pays, le MEND, a annoncé dimanche qu'il déclencherait à partir de lundi soir une "guerre du pétrole", à l'issue d'un ultimatum de 72 heures aux compagnies pétrolières pour qu'elles évacuent la région. "Sur la scène géopolitique, l'attention se concentrera essentiellement sur l'élection présidentielle iranienne", qui se tiendra le 12 juin, avertissait par ailleurs Olivier Jakob, analyste du cabinet Petromatrix. Malgré cette petite correction, les cours du pétrole s'inscrivent dans une tendance générale au raffermissement depuis le début de l'année. Tombés à près de 32 dollars en décembre, ils ont depuis plus que doublé. Le mouvement de hausse s'est fortement accéléré au mois de mai, à la faveur d'espoirs de reprise économique, d'une glissade du dollar et de timides signes de reprise de la demande. Pour sa part, le panier pétrolier OPEP (OPEC Reference Basket of Crudes) a gagné un dollar, franchissant pour la première fois depuis huit mois le seuil des 68 dollars, a annoncé lundi le cartel pétrolier dans un communiqué. Le 5 juin, le prix du panier a gagné 1,07 dollar, atteignant 68,08 dollars le baril contre 67,01 la veille. Il s'agit de la cote la plus élevée depuis le 15 octobre 2008, lorsque le baril de l'OPEP coûtait 68,28 USD. En mars 2008, le panier pétrolier a été élargi à 12 types de pétrole grâce à l'Equateur. Le prix du panier de référence comprend désormais les bruts: Saharan Blend (Algérie), Girassol (Angola), Oriente (Equateur), Minas (Indonésie), Iran Heavy (Iran), Basra Light (Irak), Kuwait Export (Koweït), Es Sider (Lybie), Bonny Light (Nigeria), Qatar Marine (Qatar), Arab Light (Arabie saoudite), Murban (Emirats arabes unis) et BCF 17 (Venezuela).