C'est devenu le moyen le plus utilisé par les citoyens pour attirer l'attention des pouvoirs publics. Bloquer la route est à leurs yeux la meilleure façon de se faire remarquer. En paralysant le trafic routier, on gèle en même temps des activités dont l'arrêt momentané fait perdre beaucoup aux entreprises et aux collectivités, donc à l'Etat, sur le plan financier. D'où leur efficacité, pense-t-on. Il est inimaginable que l'action ne porte pas ses fruits et que les autorités locales ne réagissent pas, au risque de laisser perdurer le «blocus». D'ailleurs, ce genre de manifestations n'étonne plus, tellement elles font partie de notre quotidien. Les réclamations ont rarement abouti aux résultats escomptés, les élus ayant d'autres préoccupations que de répondre aux doléances de leurs administrés et de satisfaire leurs demandes. C'est, pourtant, leur mission première, celle qu'ils ont fait prévaloir durant leur campagne électorale. Les citoyens sont très vite confrontés à la désillusion et à la certitude qu'ils sont face à une impasse qui leur ferme le chemin vers leur municipalité. Les édiles ont, de ce fait, failli à leurs responsabilités. Il ne suffit pas de recevoir ses concitoyens durant les journées consacrées à cet effet, encore faut-il faire de leurs tourments et de leurs revendications le point de départ de toute politique de gestion de la commune. Ce n'est, malheureusement, pas le cas. Après avoir été longtemps un édifice hermétiquement fermé, la mairie s'est, enfin, ouverte mais il s'agit, malheureusement, d'une ouverture de façade. Les représentants de la population oublient cette dernière aussitôt les face-à-face terminés et les requêtes formulées. Des requêtes dont ils font très peu de cas d'ailleurs. Ces délégués qui semblent se faire un devoir de plancher sur nos problèmes, comme ils le proclament, laissent pourrir bien des situations qui gangrènent la vie de la communauté. Vétusté des routes rendant difficiles la circulation des véhicules ainsi que l'accès aux habitations dans les villes et les villages, déficit en eau, en logements, absence d'électrification et de gaz, absence de transport, des insuffisances qui empoisonnent le quotidien. Résultat : des émeutes et des obstructions de routes pour exprimer une colère qu'on n'arrive plus à contenir et signifier que l'on refuse le mépris des élus. Pour beaucoup, la rue reste le seul endroit où l'on peut dénoncer toutes les lacunes et se faire entendre. Il n'est pas rare que l'on apprenne ici et là la fermeture du siège de l'APC par les habitants, et même l'enfermement du maire dans son bureau comme ultime recours pour interpeller les responsables à un niveau plus élevé. Seulement, nombreux sont les élus qui ont la mémoire courte. Les leçons ne sont pas retenues et on persiste à ignorer les sollicitudes des citoyens. Quitte à les exaspérer et à les pousser dans la rue. R. M.