Le chavisme s'est développé pendant la crise politique, sociale et économique qui avait secoué le Venezuela dans les années quatre-vingt. A la chute de la dictature en 1958, les trois grands partis vénézueliens, notamment l'Action démocratique, sociale-démocrate, et la COPEI, (démocrate-chrétien) scellent un pacte d'entente pour préserver la démocratie. Les revenus pétroliers, tombés dans l'escarcelle étatique suite aux diverses nationalisations, permettent aux gouvernements successifs de subventionner les différents secteurs économiques. Les années 60 et 70 sont d'une rare stabilité pour un pays d'Amérique du Sud. Mais le début des années 80 est synonyme de baisse des exportations pétrolières et des cours jusqu'à moins 50%. Comme partout dans le monde, à une politique d'inspiration keynésienne succède un libéralisme forcené entretenu par les injonctions du FMI. Les prix s'envolent. En février 1989 éclate le Caracazo, émeutes des quartiers pauvres qui descendent à Caracas pour piller les magasins. La répression est terrible avec l'intervention de l'armée et 3 000 morts. La situation ne fait pourtant qu'empirer et la pauvreté touche 40% de la population au début des années quatre-vingt-dix. Suite au coup d'état de 1992, Chavez est emprisonné pour un an et devient de plus en plus populaire parmi la population des barrios. En 1993, il créé le Movimiento V República (MVR). En 1998, c'est le deuxième grand parti après l'Action démocratique. Chavez est élu président en décembre 1998. Le processus révolutionnaire bolivarien devient processus de pouvoir. En 1999, une nouvelle Constitution est adoptée fondant la 5ème République du Venezuela. Diverses lois, qui cristallisent l'opposition, sont prises. En avril 2002, aux manifestations succède un coup d'Etat mené par la fédération des patrons. Encore une fois, l'armée va jouer un rôle de premier plan car ce sont des généraux dissidents, pro-chavistes qui, reprenant le pouvoir des garnisons, vont renverser en deux jours la junte nouvellement créée. En 2003, une grève générale est menée par l'opposition. Elle conduit à la tenue d'un référendum (pour ou contre la poursuite du mandat présidentiel de Chavez). Chavez le gagne à l'été 2004. Désormais, le président Chavez a les coudées franches d'autant que son mouvement a fait tache d'huile en Amérique latine dont beaucoup de pays ont basculé à gauche, du moins en adoptant une politique de récupération des richesses nationales au profit des larges couches populaires pauvres. Ainsi, le Venezuela se présente comme l'avant-garde d'un processus anti-impérialiste qui a provoqué l'ire de l'administration américaine notamment sous le règne de Bush. La venue d'Obama a quelque peu décrispé l'atmosphère entre le Venezuela et les Etats-Unis sans pour autant détendre complètement les relations bilatérales. A. G.