Photo : S. Zoheir Par Amirouche Yazid Auditionné hier par le président de la République, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière n'a pas semblé avoir convaincu son interlocuteur nonobstant son recours à la quantification des réalisations du secteur. Si Saïd Barkat s'est efforcé, dans l'exposé qu'il a présenté, à mettre en évidence les acquis du secteur, le chef de l'Etat a tenu à rappeler que l'amélioration des indicateurs et les engagements sans précédent consentis par l'Etat dans le domaine de la santé, quand bien même ils constituent des motifs de satisfaction et de fierté, ne peuvent trouver leur juste traduction que s'ils génèrent une plus grande satisfaction du citoyen. Et c'est justement là que le bât blesse : la qualité de service des hôpitaux laisse franchement à désirer aussi bien dans les conditions globales de prises en charge qu'en ce qui concerne les soins prodigués aux malades. Le président Bouteflika a instruit à cet effet le gouvernement de «mettre en œuvre un véritable programme de qualité des soins pour mieux protéger, mieux prévenir et évaluer la prise en charge globale de la santé des citoyens». Il est ainsi absurde de se targuer de l'amélioration de «l'accès aux soins et aux consultations dans le cadre de l'urgence par la densification de centres de proximité dans les grandes agglomérations», comme s'est plu à le noter le ministre de la Santé, si des soins fiables font cruellement défaut. L'état des lieux par les chiffres présentés par le ministre est rassurant. «Les effectifs médicaux ont connu un accroissement avec des ratios nationaux, en 2009, de 1 généraliste pour 1 457 habitants, de 1 spécialiste pour 2 052 habitants, 1 pharmacien pour 4 492 habitants, 1 chirurgien dentiste pour 3 241 habitants, 1 paramédical pour 370 habitants», releva le ministre de la Santé. Mais pour le citoyen, la prise en charge des patients est approximative quand elle n'est pas inexistante dans certains cas. Le président Bouteflika a ordonné également le premier responsable du secteur pour l'élaborer et la mise en œuvre dans les meilleurs délais d'une politique de formation adaptée aux besoins induits par le développement exceptionnel du réseau infrastructurel, les disparités entre les wilayas et les défis de prise en charge de la double transition démographique et épidémiologique. Concernant les soins primaires et secondaires, Abdelaziz Bouteflika a demandé au ministre de veiller sur la mise en place des mécanismes adéquats de coordination entre les structures médicales de proximité aussi bien publiques que privées, et les établissements hospitaliers. A signaler que la priorité du programme quinquennal 2010-2014 accorde, selon les explications du ministre, la priorité aux structures de proximité, générales et spécialisées (polyclinique, maternité...), aux structures d'hospitalisation mères et enfants, centres anti-cancer, établissements hospitaliers spécialisés et aux hôpitaux classiques, avec une projection de réalisation de lits publics supplémentaires et de nouvelles polycliniques. A propos des produits pharmaceutiques, le président Abdelaziz Bouteflika a estimé que la liste des médicaments essentiels produits localement doit être élargie et qu'il serait nécessaire de prendre en charge progressivement les molécules nécessaires au traitement des pathologies émergentes. «Un effort particulier doit être accordé au développement d'un partenariat effectif pour la production de médicaments essentiels et de produits innovants», conclura le chef de l'Etat.