Photo : Riad Par Karima Mokrani Les vendeurs à la sauvette squattent les rues et les ruelles ; des marchands s'installent près des regards d'égout et mettent leurs produits en vente ; les immondices jonchent le sol et s'amoncellent autour des marchés… et des bouchers vendent de la viande hachée préparée. Les mêmes images d'il y a plusieurs années reviennent. Rien ne change dans nos marchés -à Alger comme partout ailleurs dans le pays- si ce n'est que la situation va de mal en pis. C'est l'anarchie et le laisser-aller qui règnent en maître. Cela se passe au su et au vu des autorités publiques qui promettent des améliorations qu'elles ne réalisent pas. Et comme réveillés d'un sommeil qui aura duré longtemps, des citoyens se demandent : quand changera donc cette situation ? Ce n'est pas chose facile. Et pour cause ! Les agents de l'ordre peinent à y remédier. Ils passent d'ailleurs rarement dans ces marchés pour chasser les marchands à la criée. Ces derniers qui reviennent retrouver leurs espaces sont encouragés par des citoyens qui ne demandent pas mieux que de faire leurs emplettes à moindres frais. Les agents de contrôle de la qualité des produits sont dépassés. Leur nombre est de loin inférieur à celui des commerces qui devraient être visités. L'autre problème, c'est qu'ils manquent sérieusement de moyens. Ils ne possèdent même pas assez de véhicules pour leurs déplacements. «Nous n'avons pas assez de véhicules pour faire le tour des marchés», lance, dépité, un ancien contrôleur de la wilaya d'Alger. Chaque année, les directions locales et régionales de la concurrence et des prix affirment redoubler d'efforts pour une lutte efficace contre la fraude. Vérifier la qualité des produits mis sur le marché mais aussi et surtout l'hygiène et la salubrité des lieux. Ces agents ont un grand rôle à jouer en la matière, particulièrement pendant le mois de Ramadhan où la consommation de tous les produits augmente. C'est aussi pendant ce mois que les pratiques illicites se font plus nombreuses et difficiles à apercevoir. La réalité du terrain indique que ces agents peinent à accomplir leur mission. Pas seulement parce qu'ils manquent de moyens humains et matériels mais aussi, ce qui est encore plus grave, ils n'ont pratiquement pas d'autorité sur les commerçants. Ils ne sont ni respectés ni considérés. Il arrive souvent que, lorsqu'ils passent dans un marché où une rue où se regroupent plusieurs commerces, les propriétaires baissent rideau. Une façon d'empêcher les agents de faire leur travail. Et ce n'est pas la peine d'insister pour l'ouverture du magasin ! «Des commerçants insultent et agressent nos agents. Ils nous manquent de respect» se plaignent des contrôleurs ayant été victimes d'agressions physiques et verbales. Les entraves à la mission des contrôleurs de la qualité des produits de consommation sont nombreuses. Ce qui ouvre le champ à toutes sortes de dépassements et d'infractions à la réglementation. Tant que cela perdure, aucune amélioration ne sera possible dans le fonctionnement de ces espaces de vente. Les pouvoirs publics sont appelés à mettre le paquet pour une véritable organisation de ces marchés et de tout le commerce en Algérie.