Photo : S. Zoheir Par Nabila Belbachir Les dernières averses qui se sont abattues sur Alger hier et durant la semaine ont mis à nu la mauvaise gestion urbanistique, marquée notamment par l'absence d'entretien du réseau d'assainissement, de la voirie, des regards, des avaloirs et réseaux divers (VRD). A la moindre chute de pluie, le pays est paralysé, les dégâts humains et matériels sont considérables. L'Algérie connaît, ces dernières années, des inondations récurrentes. Cette situation est due, selon un responsable au ministère des Ressources en eau, au phénomène que vit la planète, touchée par les changements climatiques. Ces derniers ainsi que la mauvaise urbanisation entraînent, selon ce responsable, un accroissement du risque d'inondation des villes. La tragédie de Bab El Oued et celle de Ghardaïa permettent de tirer des leçons, de prendre des mesures draconiennes et même de tracer une stratégie de protection à long terme. Un programme ambitieux en matière de protection des villes à risque contre les inondations a été tracé par le département de Abdelmalek Sellal. Sur ce point, M. Naït Amara, directeur central de l'assainissement et du développement au ministère des Ressources en eau, a fait savoir qu'«actuellement des solutions de protection des villes contre les inondations sont mises en œuvre à travers des projets de réalisation dans le cadre des différents programmes de développement». Ce programme comprend 50 opérations réparties sur 22 wilayas, dont Chlef, Laghouat, Batna, Biskra, Tamanrasset, Tébessa, Alger, Saïda, Skikda, Sidi Bel Abbès, Guelma, Aïn Defla, Oran, Ghardaïa, Relizane, etc. En dépit de son optimisme pour une saison pluvieuse, bénéfique en matière de stockage des eaux de pluie, le directeur de l'assainissement et de l'environnement a mis en garde contre les dégâts que les pluies peuvent engendrer notamment par les crues des oueds au niveau de certaines localités. Expliquant son programme, qui comprend 50 opérations comportant deux types de travaux, il dira qu'il s'agit pour le premier type de l'aménagement des oueds qui se trouvent en amont des villes, de la construction et de la consolidation des murs des berges ainsi que du reprofilage. L'autre type consiste en l'opération du curage en éliminant tous les obstacles qui freinent l'écoulement et évitant les débordements et inondations. De cette manière, on permettra un meilleur écoulement des eaux au niveau des oueds», soulignera-t-il. A titre d'exemple, il a cité le programme de l'une des opérations pour la protection du centre-ville d'Alger en réalisant le projet du dédoublement de l'oued M'Kcel, qui va être achevé d'ici à la fin de l'année en cours. Ce dernier permettra, selon ce responsable, de sécuriser d'une manière définitive Bab El Oued contre des inondations une fois que ce dédoublement sera opérationnel. Dans ce contexte, il a tenu à préciser que la prise en charge du réseau national d'assainissement, qui avait été reléguée au second plan, est actuellement l'une des priorités du secteur des ressources en eau et ce, en allongeant à 40 0000 km le réseau qui était d'un linéaire de 21 000 km. Par cet octroi, le responsable estimera la possibilité de lutter contre toute catastrophe, à savoir les inondations, les maladies à transmission hydriques et de tranquilliser le citoyen. Sur un autre volet, il y a lieu de signaler que le manque d'ouvrages de drainage provoque la stagnation des eaux en surface, lesquelles, dans 80% des cas, sont pratiquement collectées par les routes et engendrent, en même temps, en cas de pluie diluvienne des inondations. A titre d'exemple, la construction plus élevée des grilles au niveau de la route, dont l'évacuation de l'eau ne se fait qu'une fois la route pleine, le laisser-aller de certaines entreprises, spécialisées dans le bitumage des routes, qui obstruent les ouvrages de drainage. Et encore, des axes routiers où les avaloirs sont inexistants. Des failles qui restent à signaler en dépit des prétendus efforts de réalisation et d'entretien du réseau de drainage qui se font périodiquement et de quelle manière ! La situation est lamentable : la plupart des rues et des ruelles, pas seulement celles de la ville d'Alger mais dans presque tous les coins du pays, donnaient une image désolante hier après-midi. Un seul exemple suffit pour résumer la situation qu'a vécue le pays. Débordement des regards au niveau de Bab Ezzouar, à l'est d'Alger, et ce, en dépit de leur nettoyage durant l'été. Les autorités locales qui brillent, comme de coutume, par leur absence. Jusqu'à quand… ?