Photo : Riad Par Fella Bouredji «Une grève à la fac ? Non, pas à ma connaissance», répond avec étonnement Leila, une étudiante rencontrée dans la matinée d'hier à la faculté des sciences de la communication et de l'information. Une autre affirme qu'il n'y a pas de grève et que la question qui lui est adressée doit certainement être une erreur. Et pour cause, le campus affiche une normalité incontestable. Des étudiants qui vont et viennent. Des enseignants qui s'affairent dans leurs départements, aucune affiche, pas de rassemblement ni de contestation apparente…. L'Intersyndicale autonome de la fonction publique a annoncé une journée de grève dans les secteurs de l'éducation et de l'enseignement supérieur, à l'occasion de la Journée de l'enseignant fêté chaque année le 5 octobre, mais la majorité des étudiants croisés dans les halls de quelques universités de la capitale ne semblent pas au courant ni ne se sentent concernés par cette annonce. «Une grève, alors que les cours n'ont pas encore commencé ? Non, il n'y a pas de grève ! Les premières années devaient avoir leurs premiers TD [travaux dirigés] hier. Certes, ils n'ont pas eu cours hier mais c'est seulement parce que la reprise met du temps à prendre forme à chaque rentrée ; vous savez que ça traîne souvent une semaine ou deux avant que les cours ne commencent véritablement et sérieusement […] mais on n'a pas entendu parler d'une quelconque grève. Quant à nous, étudiants en 2ème, 3ème et 4ème année, notre rentrée est prévue pour le 17 de ce mois», explique longuement Salim, inscrit en licence d'anglais, rencontré cette fois à l'université de Bouzaréah. Ce campus grouille de monde en cette journée ensoleillée dans une ambiance estudiantine très habituelle… sans le moindre signe de contestation. La majorité des étudiants se délassent sur le gazon ou sont rassemblés aux entrées des administrations. Ils sont tous là pour les mêmes raisons, découvrir les résultats des examens de rattrapage ou s'occuper de leurs réinscriptions… Au département d'anglais, on croise très peu d'enseignants, mais ceux qui y sont s'affairent et ne semblent pas être préoccupés par ce mouvement de grève. Même constat du côté de l'ENS (Ecole normale supérieure) de Kouba, connue pour ne pas suivre les mouvements de grève. Les étudiants ignorent qu'une grève est de mise en cette journée et les enseignants sont introuvables. Même si la date de cette grève est symbolique, son choix reste peu stratégique sachant que la rentrée universitaire n'a pas encore véritablement pris effet. Les revendications des enseignants, à savoir l'augmentation des salaires et la régularisation des contractuels, devront attendre que les mouvements de grève, devenus habituels et incontournables depuis quelques années, aient un impact réel sur la vie universitaire… et donc sur les pouvoirs publics.