Nombre de juristes ayant animé hier une table ronde estiment que, si les pays arabes étaient en majorité adhérents à la CPI, il n'y aurait pas eu de mandat d'arrêt international contre le président soudanais Omar El Bechir. Moralité : il ne sert à rien de critiquer les institutions internationales, même sachant qu'elles sont régies par la loi du plus fort. Il faut y adhérer, essayer de créer des regroupements et gagner à sa cause d'autres pays parmi les plus influents. C'est là une démarche qualifiée d'«intelligente», qui, est préconisée. C'est à Me Zoubida Assoul, juriste et membre du Centre arabe du développement de la règle de droit et de l'intégrité à Beyrouth, d'intervenir autour du thème du droit international et des principes de liberté et de démocratie. Mettant en exergue la réforme de l'ONU et surtout du Conseil de sécurité, elle a indiqué que ce sujet, qui a fait l'objet de larges débats lors de la 64ème Assemblée générale de l'ONU tenue récemment, s'impose au regard de la nature des règles régissant cette institution internationale, selon le principe des rapports de force. D'où les tentatives de réforme de l'institution de la part des pays qui contestent essentiellement le droit de veto aux mains d'une poignée de membres du Conseil de sécurité, la seule instance qui peut ordonner des sanctions contre des pays. La dernière tentative qui est à mettre à l'actif de certains pays d'Amérique latine, ayant pour but de démocratiser cette institution, devait avoir une incidence sur les autres institutions onusiennes. Aussi, face à ces rapports de force, certains pays se regroupent, à l'instar de la communauté européenne, afin de pouvoir peser sur l'échiquier international. Ce fut le tour, ensuite, du groupe des quatre pays, dont l'Inde et le Brésil, visant à créer des groupes où tous les continents sont représentés. Puis, l'initiative de l'Afrique pour élever le nombre des membres du Conseil de sécurité à 26, tous dotés du droit de veto. Elle sera suivie d'une autre visant son élargissement à 25 membres non dotés du droit de veto. Mais, devait-elle faire remarquer, elle a échoué comme à chaque fois, qu'on parlait de suppression du droit de veto. L'Assemblée générale de l'ONU a décidé de mettre en place des facilitateurs au Conseil de sécurité, ayant pour mission de rapprocher les points de vue entre pays en conflit, ce qui profiterait plus aux pays émergents n'ayant pas de poids à l'ONU. Expert en économie et ancien vice-président du CNES, Mustapha Mekideche s'est appesanti sur la gouvernance économique, en rappelant que, depuis la Seconde Guerre mondiale, le dollar s'est imposé comme monnaie de réserve, comme l'expression d'un rapport de force international. Le premier «coup de canif» à cette parité a été la décision de déconnecter le dollar de l'or, au même moment que le mouvement de décolonisation amorcé en 1973 qui a appelé à un nouvel ordre économique mondial avec lequel est apparu le droit au développement comme concept nouveau, a-t-il rappelé. Le conférencier a ensuite mis l'accent sur les situations nouvelles induites par la destruction du mur de Berlin et l'éclatement de la solidarité entre pays du Sud, et des vaines tentatives de recomposition à travers le G20. Pour sa part, Miloud Brahimi a souligné l'importance des Nations unies en tant que «forum démocratique international irremplaçable», plaidant, toutefois, pour la réforme des modes de fonctionnement de ses organes de manière, a-t-il dit, à donner plus de place aux pays du Sud dans la prise de décision sur le plan international. Il a affirmé que les massacres perpétrés contre les populations civiles de la bande de Ghaza ont montré les limites du droit international, avant de déplorer le fait que le rapport Goldstone mette sur un pied d'égalité les crimes israéliens perpétrés contre des civils à Ghaza et le Hamas, en insistant sur la nécessité pour les pays arabes d'adhérer à la Cour pénale internationale, afin de «mettre les pays qui refusent de prendre part à cette instance au pied du mur». A. R.