A défaut de pouvoir l'acheter, je le photocopie ! Une tendance ? Non, mieux, c'est tout un filon. La photocopie des livres est devenue, ces derniers temps, un phénomène généralisé dans les campus ou les lycées. «Le livre, c'est un luxe dont je ne peux même rêver. Tous les livres dont j'ai besoin pour mon cursus dépassent les 2 000 DA. Alors moi, je préfère les photocopier. Ça me coûte beaucoup moins cher. D'ailleurs, tout le monde fait la même chose», nous apprend à ce sujet Walid. Notre jeune interlocuteur nous montre même des livres photocopiés empruntés à la bibliothèque universitaire. Si l'Etat n'arrive guère à acquérir des livres en bonne et due forme, qu'en est-il alors des pauvres jeunes étudiants ? Cotisez pour acheter un livre ! Chez nous, l'union fait la force même pour acheter un livre. En effet, pour s'offrir un bouquin, des jeunes au pouvoir d'achat dérisoire sont obligés de se cotiser. «On le fait souvent. Un livre nous plaît, alors on décide ensemble de l'acheter. De toute façon, personne ne pourra l'acheter à titre personnel», explique Karim, 21 ans. Ainsi, Karim et ses potes lisent souvent le même livre qui passe de main en main. C'était le cas du dernier Harry Potter que Karim et ses potes ont acheté à plus de 2 000 DA ! Bel exemple de solidarité… Les trabendistes du SILA Au SILA, il n'y a pas que les libraires, les éditeurs ou les lecteurs. Il y a aussi les trabendistes. A chaque édition du SILA, des bandes de jeunes prennent d'assaut les exposants des pays du Golfe qui offrent gratuitement, comme à leur habitude, des livres, religieux pour la plupart, aux visiteurs. Une fois ces livres entre leurs mains, ces jeunes partent squatter les trottoirs de leurs quartiers pour revendre illico presto ces ouvrages, souvent très prisés par les Algériens. Ils se font ainsi une bonne tchipa. Mais, comme cette année, le SILA n'est plus localisé à la Safex, tout le monde se demande comment les jeunes trabendistes du livre opéreront leurs manœuvres cette année. Achetez mon livre, sinon… Certains enseignants à l'université s'échinent à promouvoir leurs livres. Mais quelquefois, leurs procédés frisent le scandale. Dans quelques facultés, les enseignants n'hésitent pas à faire comprendre à leurs étudiants que ces derniers ont vraiment intérêt à acheter leurs publications. Faute de quoi, ces pauvres étudiants risquent de récolter des notes éliminatoires. Comme quoi, dans notre université, le livre du professeur est aussi sacré que le Coran…