Le processus de paix et les négociations entre le Front Polisario et le Maroc sont menacés suite à l'arrestation, le 8 octobre dernier, de sept militants sahraouis des droits de l'Homme. Le délégué du Polisario en Algérie, Ibrahim Ghali, a exprimé, au cours d'une conférence de presse animée hier matin à Alger, les positions de plus en plus radicales de son gouvernement. «La détention des sept militants sahraouis et les atteintes aux droits de l'Homme dans les territoires sahraouis occupés menacent le processus de paix et les négociations avec le Maroc», a déclaré le diplomate sahraoui devant les représentants de la presse nationale, venus en force. Ibrahim Ghali a également rassuré que «le peuple sahraoui est un peuple de paix et privilégie les solutions pacifiques». Cela ne l'empêche pas de lancer une menace à peine voilée au gouvernement marocain. «Nous poursuivrons la lutte jusqu'à la libération de notre territoire du joug colonial, avec tous les moyens dont nous disposons et nous ne n'excluons aucune option», a-t-il dit avec détermination. Ibrahim Ghali a cependant lancé plusieurs appels à la communauté internationale pour qu'elle intervienne auprès des autorités marocaines afin de libérer les militants détenus. Il met tous les partenaires du royaume devant leurs responsabilités. A commencer par l'Union européenne «qui a des relations privilégiées avec le Maroc». «Nous demandons à l'Union européenne d'intervenir afin de mettre fin à cette injustice», a-t-il soutenu avant d'exprimer son souhait de voir Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat américaine, qui fera une visite au Maroc dans les prochains jours, intercéder auprès des autorités de Rabat en vue de libérer ces détenus dont certains «ont été jugés en l'espace de 84 heures». «Nous savons que des organisations américaines ont interpellé la secrétaire d'Etat sur la situation des détenus politiques. Nous espérons qu'elle transmette cette doléance», a dit l'ambassadeur. Plus que la colère, qui peut être conjoncturelle, le représentant de la RASD à Alger a demandé que le thème des droits de l'Homme soit inscrit dans la lettre de mission de la Mission des Nations unies pour le Sahara occidental (Minurso). Avant cette conférence de presse, le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, avait envoyé une lettre au secrétaire général de l'ONU où il lui demandait d'intervenir auprès du royaume du Maroc pour faire libérer les détenus. La lettre date du 12 octobre. Mais, entre-temps, six autres Sahraouis, qui voulaient rejoindre les territoires libérés, ont été arrêtés par des policiers marocains. Hier, c'était au tour du réseau des villes italiennes jumelées avec les villes sahraouies de demander «la libération immédiate» des détenus sahraouis, dont certains ont déjà été condamnés. A. B.