Photo : S. Zoheïr Par Ziad Abdelhadi La conjugaison du changement climatique et les faibles capacités nationales de pêche seraient en grande partie à l'origine de la cherté des prix des produits de la mer sur les marchés. C'est là l'explication donnée par nombre d'intervenants à la journée de sensibilisation au profit des pêcheurs organisée hier à Aïn Benian (Alger) par la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture. «Le changement climatique constaté ces dernières années a eu un impact sur la pêche maritime puisqu'il a été enregistré des modifications dans la distribution, la migration et la reproduction de la faune marine», a lancé Hacen Farouk, inspecteur au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques. Autre constat avancé par ce dernier : «Quand bien même il a été prouvé que l'abondance du poisson pélagique est plus importante sur la rive sud de la Méditerranée par rapport à la rive nord, il n'en demeure pas moins que nous continuons à enregistrer un faible taux d'exploitation de nos ressources halieutiques.» Cet inspecteur a également cité comme autre raison de la faiblesse des quantités de pêche marine le fait que dans le secteur ont persiste à «utiliser des engins de pêche inadéquats», a précisé Hacen Farouk. Autre intervention à cette journée de sensibilisation et non des moindres puisqu'elle a été donnée par M. Yahiouche Larbi, président de la Chambre algérienne de la pêche et de l'aquaculture de Annaba, qui continue de s'étonner que la tutelle ne semble pas prendre acte des revendications des professionnels qui, selon lui, devraient être «mieux pris en charge compte tenu de la spécificité de leur activité». Et pour preuve, «nous sortons en mer que 120 jours en moyenne par an, mais nous restons imposables sur toute l'année». Interpellé en marge de cette rencontre pour nous donner son avis sur le repos pélagique instauré par le ministère durant la période allant du 1er mai au 31 août 2009, il nous dira tout de go : «Rares sont les patrons de pêche qui se sont soumis à cette directive du fait de leur faible activité hors de cette période et ce besoin de rentrée d'argent, notamment les marins pêcheurs qui sont payés au pourcentage.» Et de s'insurger : «Nous sommes des chargés de familles. En plus de la faiblesse des quantités pêchées, on nous demande de cesser notre activité pendant quatre mois. Cela devient pour nous inconcevable et insoutenable financièrement.» M. Yahiouche Larbi s'est aussi prononcé sur la pêche au corail pour laquelle il a tenu à préciser, en sa qualité d'ex-pêcheur de corail, que «le récif corallien n'est nullement en extinction, comme on l'avance ici et là, par une trop grande exploitation puisqu'il se régénère annuellement. C'est pourquoi j'avouerai aujourd'hui que les pouvoirs publics ne devraient pas interdire l'extraction du corail mais plutôt d'obliger les chasseurs a déclarer leur récolte». Et de marteler : «Cette interdiction de s'adonner à l'extraction du corail n'a pas empêché les autochtones de doubler leurs récoltes, c'est pourquoi je dirai qu'il est temps d'encourager les «coralliens à pêcher en toute quiétude et de déclarer leur prises, du moins une grande partie». Soulignons enfin que lors de cette journée de sensibilisation on a également soulevé la question de la pollution marine qui, selon plusieurs intervenants, demeure et persiste au point où «le phénomène est de plus en plus inquiétant». Et, du coup, les pouvoirs publics devraient s'atteler à élaborer un programme d'action qui puisse endiguer cette culture du «tout à la mer» car il y va de la sauvegarde de nos ressources halieutiques.