De notre envoyée spéciale à San Francisco Amel Bouakba L'Algérie est en retard en matière de transplantation hépatique, délicate intervention indiquée chez les malades dont la vie est menacée par une cirrhose sévère. D'éminents spécialistes dans le domaine se disent tout à fait prêts à collaborer avec des équipes algériennes pour réaliser des greffes du foie. C'est ce que laisse entendre le professeur Jean-Michel Pawlotsky de la faculté de médecine de Créteil, directeur du Centre national de référence des hépatites virales B, C et delta, chef du service de virologie à l'hôpital Henri Mondor. Rencontré pour la première fois en avril dernier lors du congrès européen d'hépatologie de Milan, ce professeur, présent au forum de San Francisco, se montre tout à fait disponible pour cette coopération : «En France, il y a une coopération avec tous les pays du Maghreb», dit-il. «Nous essayons de faire venir des malades en France mais il y a un problème évident qui se pose : celui de la prise en charge financière.» Selon lui, «la seule solution, c'est un système de sécurité sociale et une organisation nationale de transplantation d'organes. C'est ce qui s'est passé entre la France et l'Italie au tout début de la transplantation hépatique, les Italiens transféraient leurs malades en France avant de monter leur propre centre de transplantation hépatique». «Je crois qu'il y a une véritable collaboration à renforcer dans ce domaine entre l'Algérie et la France», ajoute–t-il avant de souligner que les liens entre la France et l'Algérie sont très étroits : «Nous avons souvent reçu des équipes algériennes dans notre service.» Jean-Michel Pawlostky insiste par ailleurs pour qu'il soit mis fin à l'inégalité dans l'accès aux soins. «Certains médicaments ne sont pas disponibles dans les pays pauvres», déplore-t-il. Les programmes d'accès aux médicaments du VIH dans les pays pauvres ont permis l'accès à des médicaments pour l'hépatite B, comme le Ténofovir ou l'Entecavir. «Toutefois, indique-t-il, d'autres traitements plus récents notamment pour l'hépatite C sont moins accessibles.» S'agissant de sa participation à cette manifestation d'envergure, Jean-Michel Pawlotsky estime qu'il y a deux grands rendez-vous importants annuels dans le domaine de l'hépatologie : celui de l'Association européenne pour l'étude du foie en Europe et celui de l'American Association for the Study of Liver Diseases. D'après lui, «c'est important d'avoir deux congrès chaque année, car, aujourd'hui, l'information va très vite et il y a des choses nouvelles tout le temps[…]». «La recherche avance, et c'est important d'apporter à chaque fois un message d'espoir aux millions de malades», conclut-il.