De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar La tension sociale autour du logement s'accentue à Oran. A la faveur de l'entame de la troisième phase de l'opération de relogement des familles des Planteurs, la situation se précarise dans la ville. Dans la matinée d'hier, des échauffourées ont éclaté entre manifestants et policiers dans le quartier de Ras El Aïn. L'opération de relogement des familles s'est poursuivie dans une ambiance électrique inouïe. Les jets de pierres et autres projectiles ont émaillé la journée d'hier. Certaines familles déçues par les conditions défavorables du relogement ont opposé une résistance quant à la démolition de leurs maisons. «Moi, je vivais dans une vaste maison que j'occupe depuis l'indépendance avec mes enfants. Je n'ai rien demandé à personne. On m'a donné un petit F3 pour que j'y emmène mes deux fils mariés avec leurs femmes et leurs enfants. On nous prend pour qui ? C'est du mépris. Il faut que le président de la République sache ce qui se passe dans notre wilaya», s'insurge une dame d'un certain âge. Il faut dire que la gestion du logement social n'est pas du tout transparente. Quelque 300 logements ont été attribués à des sinistrés du dernier séisme dans l'anonymat et le silence total. «Qui sont ces personnes qui ont bénéficié de ces logements ? Les autorités doivent afficher la liste des noms. C'est notre droit le plus absolu», s'insurgent les familles qui ont été obligées d'attendre l'achèvement des logements en construction. Devant le siège de la daïra d'Oran, plus d'une cinquantaine de femmes se sont rassemblées, banderoles à la main, pour protester contre leur mise à l'écart de l'opération de relogement. «Nous sommes les premières familles oranaises à avoir postulé pour le logement social auprès de l'OPGI en 1975. Il y a eu des gens venus de partout, et des milliers de logements ont été distribués à tort et à travers. Nous avons toujours été tenues à l'écart. Cette fois-ci, nous n'allons pas nous taire. Il y va de l'avenir de nos enfants», notent ces femmes furieuses. Alors que les autorités locales parlent de 300 logements distribués aux sinistrés du séisme, on s'étonne de voir les tentes envahir le tissu urbain de la ville. C'est le cas des familles du quartier de Saint-Pierre qui attendent depuis des lustres, ou encore le quartier de Bel Air où un effondrement partiel vient de raviver les craintes des familles. Qui a vraiment bénéficié de ces 300 logements ? La question reste entière accentuant le sentiment de méfiance et de manque de confiance à l'égard des pouvoirs publics locaux.