Angela Merkel sera aujourd'hui à Alger pour une visite de travail de deux jours où elle aura des entretiens avec le président Bouteflika, Ouyahia et d'autres hauts responsables algériens. Merkel ser accompagnée d'une importante délégation d'hommes d'affaires allemands. C'est devant la Chambre du commerce algéro-allemande que la chancelière s'exprimera et dévoilera ses intentions. «Le marché algérien devient important pour les entreprises allemandes qui se font de plus en plus nombreuses», avait estimé le directeur général de la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie, M. Andreas Hergenröther, en soulignant que le nombre de celles implantées en Algérie a dépassé 160 en 2006. M. Andreas Hergentrother cite les plus grandes entreprises installées en Algérie telles que Linde Gaz, Henkel, DHL, ZE, Siemens, ZF et Knauf. Quant aux échanges commerciaux entre les deux pays, le directeur général de la Chambre algéro-allemande de commerce et d'industrie affirme qu'ils ont atteint 2,3 milliards de dollars en 2006, en hausse de 15% par rapport à 2005. «Cette augmentation illustre le regain d'intérêt allemand pour le marché algérien.» Selon le même responsable, l'Allemagne serait disposée à investir 8 milliards d'euros en Algérie si le climat des affaires continue à s'améliorer dans le pays. Depuis pratiquement le début des années 2000, l'Allemagne s'intéresse concrètement au marché algérien, même si certaines entreprises allemandes telles que Siemens n'ont jamais quitté l'Algérie. En fait Berlin s'est complètement tourné vers les pays d'Europe centrale et de l'Est après la chute du mur de Berlin. Si cet intérêt est motivé par la proximité et les liens historiques de l'Allemagne avec l'Europe de l'Est, c'est surtout l'instabilité de l'Algérie pendant les années soixante-dix qui explique le peu d'empressement de l'Allemagne à prospecter le marché algérien. Pourtant, un ex-ministre des Affaires étrangères Klaus Kinkel avait déclaré à Dembri, alors chef de la diplomatie algérienne, lors du lancement du Processus de Barcelone en 1995 que l'Allemagne avait été trompée par le regard déformant de Paris sur la situation prévalant en Algérie et avait promis que Berlin ne se fierait dorénavant qu'à sa propre appréciation quant à l'évolution de la crise en Algérie. En effet, après ce mea culpa, l'Allemagne n'a cessé d'envoyer des sherpas à travers des envoyés spéciaux, des secrétaires d'Etat, des hommes d'affaires, des ministres jusqu'à la venue de Schröder à Alger en octobre 2004. Cette visite a été perçue comme «un bon signe». «L'Allemagne découvre maintenant qu'il y a d'autres horizons. Il y a des intérêts économiques et énergétiques qui sont en jeu», explique Martin Koopmann. A Alger, Schröder a laissé entendre que l'Allemagne projette de «monter davantage en puissance» dans le secteur algérien de l'énergie. A Berlin, on se dit conscient de la forte concurrence dans la région. La France, l'Italie et l'Espagne, parmi les principaux fournisseurs et clients de l'Algérie, dépendent en grande partie des livraisons gazières algériennes. Une délégation d'hommes d'affaires et de chefs d'entreprise représentant, entre autres, Wintershall, Siemens, Bilfinger Berger, MAN-Ferrostaal, et Linde a effectué une visite en Algérie après celle de Schröder. Il existe un intérêt pour des projets aéroportuaires, autoroutiers et hydrauliques. La venue de Merkel aujourd'hui devrait donc aller dans le même sens que son prédécesseur, sinon aller plus loin en annonçant de nouveaux projets notamment en matière d'énergie renouvelable. A. G.