L'Algérie a connu durant les années 1970 son âge d'or en réalisant une base industrielle complète. Des milliards de dollars ont été consacrés à la réalisation d'usines «clés en main». Quatre décennies après, cette base industrielle fait encore parler d'elle. Comme si notre pays avait connu durant l'ère socialiste sa «révolution industrielle». Tous les secteurs industriels ont été touchés. On verra ainsi des unités industrielles dans la mécanique, la sidérurgie, l'électronique, le textile, la pétrochimie, l'agroalimentaire, etc. La liste est encore longue. Rien n'a été laissé au hasard. L'Etat a consacré aussi des fortunes à former des cadres à l'étranger. Et pour boucler la boucle, des complexes pétroliers sont venus soutenir cette «industrie industrialisante». Cet exploit réalisé durant une période marquée par un contexte économique favorable a été l'un des facteurs ayant poussé le pays à jouer un rôle de leader au niveau régional et même mondial. Mais la situation n'a pas tardé à s'inverser. Inutile de rappeler le crash pétrolier ni la crise économique qui s'en est suivie. Tout cela pèsera lourdement sur la situation de notre pays qui connaîtra par la suite des crises en cascade. Le summum de la crise a été atteint lorsque l'Algérie a sollicité les services du Fonds monétaire international (FMI) en 1994. C'était la goutte qui a fait déborder le vase. La crise s'accentue et les entreprises publiques doivent être privatisées. C'est l'une des conditions imposées par le FMI dans le cadre du programme d'ajustement structurel. Cette mesure qui a causé un mal profond à la structure de notre économie a eu également d'autres conséquences qui ont touché des milliers de salariés. Selon certains spécialistes, environ 3 milliards de dollars ont été injectés dans des opérations de liquidation des entreprises publiques menées de 1992 à 1996 et 6 milliards de dollars depuis 1990. Il faut dire que cette transition économique imposée par le puissant FMI a mis le pays dans une situation de faillite. Toutes ces entreprises qui étaient jusque-là un moteur pour l'économie du pays sont devenues dans un laps de temps très court un lourd fardeau pour le Trésor public qui n'arrivait pas à les faire décoller. Résultats : des milliers d'entreprises sont abandonnées à leur sort. Un patrimoine industriel est exposé aux différentes convoitises qu'on connaît amplement. Il faut aussi l'abandon des actifs de près de huit cents entreprises qui n'ont rapporté que 200 millions de dollars au Trésor public, affirme-t-on. Bien que cette période noire de notre pays ne soit qu'un lointain souvenir aujourd'hui, il est légitime de s'interroger sur le sort du patrimoine des entreprises publiques économiques. Les représentants de quelques syndicats ne cachent nullement une réalité amère. «Ce patrimoine est exposé à différents risques», regrettent certains représentants des travailleurs. On affirme qu'à chaque fois qu'on évoque des privatisations d'entreprises publiques les appétits s'aiguisent. Qu'a-t-on fait pour protéger ce patrimoine cher à l'économie nationale ? A-t-on initié des actions pour remettre ces entreprises sur les rails et produire encore ? D'innombrables questions se posent. Aujourd'hui, des entreprises sont toujours endettées et la valeur de leurs dettes pourrait même dépasser celle de leurs actifs. Qu'a-t-on prévu pour ces situations ? Sauver ces entreprises est une nécessité dictée par une conjoncture très difficile. Nul besoin de dire que le secteur public est le levier de l'économie contrairement à ce qui était répandu il y a quelques années. La preuve la plus tangible nous vient du revirement opéré dans la loi de finances complémentaire 2009. Certes, un soutien financier sera accordé aux entreprises qui peuvent produire, mais qu'a-t-on prévu pour celles qui n'arrivent plus à relever la tête, sachant que leur réalisation a été faite à coups de milliards. Il s'agit de retirer ces entités de la gueule du loup. S. B.