Les maires et leurs adjoints sont désormais astreints à une autorisation du ministère de l'Intérieur avant d'honorer une invitation venant de l'étranger. C'est ce qu'affirme en tout cas une correspondance du chef de daïra de Ouaguenoune, dans la wilaya de Tizi Ouzou, envoyée au maire de la même localité (d'obédience FFS) l'enjoignant de demander l'autorisation avant chaque sortie du territoire national. «En application des dispositions réglementaires régissant les sorties à l'étranger, j'ai l'honneur de vous rappeler que les sorties hors du territoire national des présidents des Assemblées populaires communales ainsi que les adjoints exerçant en qualité de membres permanents sont soumises à une autorisation préalable délivrée par les services du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales», a écrit le chef de daïra de Ouaguenoune dans sa missive, dont nous détenons une copie. Avant cette mise en demeure, le maire de Ouaguenoune s'était déjà rendu à Athènes, en Grèce, avec un autre collègue à lui, a précisé hier Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS lors d'une conférence de presse animée à Alger. Ce dernier a révélé que l'intervention des deux P/APC, dans un séminaire sur le développement, n'avait pas été du goût de la délégation officielle algérienne qui aurait quitté les travaux en guise de protestation. C'est probablement cet «incident», indique Tabbou, qui aurait incité les autorités à réagir de la sorte. Pour le mois de février, le président de l'Assemblée populaire communale de Ouaguenoune est invité à se rendre à Rotterdam, aux Pays-Bas, pour un autre séminaire sur la pauvreté. Suivant l'instruction de sa hiérarchie administrative, il a formulé une demande à la wilaya. La réponse est non ! Et l'administration ne fournit aucune explication. «Par courrier cité en référence, vous avez bien voulu solliciter une autorisation de sortie à l'étranger pour participer au septième forum de l'alliance mondiale des villes contre la pauvreté qui aura lieu à Rotterdam (Pays-Bas). En réponse, j'ai le regret de vous informer que […] Monsieur le wali de Tizi Ouzou a émis un avis défavorable à votre demande», a indiqué le chef de daïra dans une correspondance datée du 15 novembre dernier, dont nous détenons également une copie. De son côté, le wali de Tizi Ouzou, Hocine Mazouz, dans un télégramme envoyé au chef de daïra de Tizi Ouzou le 4 novembre dernier, et signé du secrétaire général, a écrit : «[…] J'ai l'honneur de vous informer que la demande du P/APC n'a pas eu d'avis favorable. Je vous demande de transmettre le contenu de ce message au président de l'APC de Ouaguenoune». Là aussi, il n'y a aucune référence légale. C'est ce qui a poussé Karim Tabbou à considérer cela comme «une atteinte à la liberté de circuler et d'échanger des idées et des expériences avec les autres».