Petite victoire pour les personnes contaminées par les radiations dues aux essais nucléaires français dans le Sahara algérien et en Polynésie. Le Parlement de ce pays a entériné, de manière définitive, un texte de loi portant indemnisation des personnes -dont le nombre n'est pas connu- contaminées suite aux essais nucléaires français effectués en Algérie entre 1960 et 1966 et en Polynésie française de 1966 à 1996. Mais l'essentiel des victimes vient d'Algérie. La loi, votée mardi en deuxième lecture au Sénat (deuxième chambre), concerne essentiellement quelque 150 000 personnes. Ces malades ont servi ou habité à proximité des sites ayant abrité les essais nucléaires français, dont le nombre est estimé à plus de 250. Une liste de 18 maladies, conforme à celle établie par une agence spécialisée de l'ONU, a été retenue. Sauf que le droit de définir les personnes à indemniser revient au ministère français de la Défense qui a déjà dégagé une enveloppe de 10 millions d'euros pour l'année prochaine. Cette décision allait permettre «dès le début de l'année prochaine, la mise en place d'un dispositif d'indemnisation des victimes juste, rigoureux et équilibré», a affirmé, dans ce sens, le ministre français de la Défense, Hervé Morin. Car, c'est au niveau de son département qu'a été créé un comité chargé d'évaluer le montant de chaque indemnisation et la recevabilité des dossiers. Parce qu'en plus des militaires -essentiellement des Français- qui doivent justifier de l'origine de leur maladie, les civils, eux, doivent prouver leur situation vis-à-vis du site incriminé avant toute indemnisation. La chose n'est pas facile pour des milliers d'Algériens, essentiellement des nomades, donc sans papiers d'identité à cette époque-là. L'autre anomalie relevée dans ce texte est celle liée à la non création d'un fonds d'indemnisation. Ce qui signifie que la rente peut être arrêtée à tout moment. Seulement, cette décision constitue le début d'un processus de reconnaissance qui a abouti au texte. De 1960 à 1966, d'abord dans la région de Reggane, au sud de Béchar, plusieurs essais en plein air ont eu lieu. Des dizaines de personnes ont été gravement atteintes de plusieurs maladies. Certaines d'entre elles en souffrent toujours. En plus de cela, à des kilomètres à la ronde, les radiations ont porté un coup dur à l'environnement, brûlant pratiquement toutes les espèces animales et végétales. En parallèle, l'armée française entame, dès l'année 1961, d'autres essais (une quinzaine) souterrains à In Ikker, 150 km au Nord de Tamanrasset. Les dégâts sont aussi dévastateurs. A noter que les Accords d'Evian, ayant mis fin en 1962 à la colonisation française, ont donné le temps à cette même armée de poursuivre ses essais jusqu'en 1966. A partir de cette année-là, les essais ont eu lieu, jusqu'en 1996, en Polynésie française. A. B.