Photo : S. Zoheir Par Youcef Salami Constat connu de tous, l'entreprise nationale, qu'elle soit privée ou publique, à l'exception de celle activant dans le secteur de l'énergie, continue à se borner à ce dont a besoin le marché national. Les opportunités qu'offre le marché international, elle n'y pense même pas. C'est une situation qui n'a pas changé, malgré le fait que l'environnement économique ait été complètement revu et réaménagé, à la faveur de l'ouverture du marché, opérée début les années quatre-vingt-dix. Que cette libéralisation n'ait pas profité à tous les secteurs économiques, cela ne saurait empêcher les entreprises nationales de se mettre à niveau, de faire plus d'efforts en vue d'améliorer la qualité de leurs produits, de les rendre exportables et, objectif fondamental, de réfléchir à des projets en association non pas en Algérie mais à l'étranger, comme le font beaucoup d'entreprises. Pourquoi est-il possible à une entreprise tunisienne, jordanienne, égyptienne, pour ne citer que ces pays-là où l'environnement économique est analogue, ou presque, au nôtre, de réussir à l'international, de s'implanter en Algérie, de monter des projets en partenariat avec des entités algériennes, alors que l'inverse relève de l'irréalisable, de l'inimaginable ? D'aucuns diront que c'est une question de culture, que le manager algérien, qu'il s'agisse d'entreprise publique ou privée, ne veut pas s'aventurer dans des marchés qu'il maîtrise mal ou qui lui sont difficiles en raison de la concurrence y règnant. Mais, jusqu'à quand nos entreprises continueront-elles à bricoler des produits, à discuter projet, mais en interne. Pourtant, et elles le savent, parmi les sociétés qui viennent leur faire concurrence sur leur propre terrain, il y en a qui n'ont rien d'extraordinaire en termes d'envergure. Même la crise financière internationale dont tout le monde parle et les effets désastreux qu'elle a produits de certains secteurs dans certains pays ne semblent pas avoir inspiré nos entreprises. Celles-ci auraient pu, pourtant, en tirer parti, en formulant des propositions de prises de participation dans quelques sociétés étrangères en difficulté. Que manque-t-il à des entreprises, qui se sont construit une bonne réputation, dans le bâtiment, par exemple, pour soumissionner pour des projets à l'étranger ? Peut-être que les «treize Champions», ces entreprises que l'Etat projette de mettre en place, feront que le mode de management changera et que nos entreprises penseront à l'international. Ce nouveau «bloc» en perspective aura, c'est possible en tout cas, à faire évoluer la carte mentale des gestionnaires dans un nouvel environnement. Pour l'instant, seule Sonatrach -un peu moins Sonelgaz- est sur des projets à l'international. L'entreprise semble rodée ; elle a appris de nouveaux métiers, cumulé de l'expérience en matière de négociations, parce qu'elle se frotte à des compagnies internationales dont la compétence et la bonne réputation ne sont plus à démontrer. Le groupe Sonatrach, et le mot n'est pas fort, négocie d'égal à égal avec des géants de l'industrie pétrolière et gazière. Cela dit, la place qu'il a réussi à se faire dans certains pays n'était pas sans obstacles. La société s'est battue pour arracher ce qu'elle a obtenu en Espagne, par exemple. Sonelgaz en est encore à ses débuts en matière de projets en dehors de nos frontières. Les premières difficultés se font jour, déjà. Sonelgaz veut exporter de l'électricité et certains pays européens semblent lui avoir signifié qu'elle n'était pas la bienvenue.