Photo : Riad Par Smaïl Boughazi Le secteur industriel algérien souffre encore. Ce constat, dressé lundi dernier par les membres du Conseil national social et économique (CNES) dans son dernier rapport, est des plus frappants : «Hormis les matériaux de construction, la plupart des branches industrielles sont en déclin sur la période considérée [2005-2007]. Les industries manufacturières accusent le coup avec un taux de -6,5% en 2007.» Le CNES a avancé, pour diagnostiquer cette situation déplorable, un certain nombre de raisons. Il cite, entre autres, l'organisation lourde héritée du système de gestion antérieur comme c'est le cas de la SNVI, de l'EMA, de l'ENTP, un outil obsolète technologiquement, les investissements de réhabilitation interrompus depuis près d'une décennie en prévision de la privatisation des EPE et de la mise sur le marché de la privatisation d'EPE en masse qui s'est traduite par un relâchement des efforts de redressement. Le CNES fait part également d'une érosion des capacités productives du pays qui ont connu une régression flagrante (18% du PIB en 1982 à 5,5% en 2007). Les experts signalent aussi que les EPE ont des difficultés financières persistantes (un découvert bancaire de l'ordre de 44 milliards de dinars). En ce qui concerne les PME, le CNES a relevé que «le nombre de PME est encore très faible». Ce nombre est de l'ordre de 8 PME pour 1 000 habitants, alors qu'en Europe il varie entre 18 et 77, selon les pays. Le CNES, se basant sur une étude réalisée par le secteur, ajoutera que, pour atteindre ce seuil, l'Algérie devrait créer 365 955 PME en référence à la population de 2006. Pour la répartition de celles existantes par branches d'activité, les services et le BTP occupent les premières places avec, respectivement, 45,95 et 33,88%. Outre la situation du tissu industriel national, le CNES a révélé que la part des investissements directs étrangers ne dépasse pas 1 milliard de dollars annuellement et ce, contrairement à ce que on annonçait de part et d'autre. Face à cette situation, il recommande de revoir les politiques économiques actuelles, préconisant une économie de l'offre axée sur l'entreprise et la mise en place de champions locaux, régionaux et internationaux. Au niveau de la consolidation du rôle de l'Etat stratège, il estime qu'il faut qu'il y ait une planification stratégique, une intelligence économique, une régulation et une économie fondée sur la connaissance. Le président du CNES, s'exprimant à l'issue des travaux consacrés à la présentation des rapports, a abondé dans ce sens, estimant qu'«il est impératif que l'Algérie passe d'un plan de relance par la demande, rendu possible grâce à une embellie financière [suite à la hausse des cours pétroliers] à un plan de relance par l'offre à travers la démultiplication des revenus du pays hors hydrocarbures». Il a affirmé que l'entreprise doit être placée au cœur du développement et de la relance économique. «L'entreprise est un enjeu qu'il faudra regarder de très près pour faire face aux difficultés économiques au niveau international», a-t-il jugé.