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Constantine peine à lancer ses «projets culturels» en instance
à l'exception des festivals institutionnalisés
Publié dans La Tribune le 31 - 12 - 2009

De notre correspondant à Constantine
Nasser Hannachi
Quel pouvoir de décision attribue-t-on aux responsables locaux du secteur de la culture ? Sinon quelles perspectives culturelles, au-delà des événements connus, vécus et qui vont être réinitialisés à Constantine, pourraient casser la monotonie de l'institutionnalisation ? Si rien n'est fait, en termes de
programmes, de sites et infrastructures d'accueil des manifestations, on risquerait de banaliser l'acte culturel par ce cadre stéréotypé. Autrement dit, quelle place accorde-t-on aux animations, programmes et projets qui, s'ils sont identifiés et avalisés, pourraient contribuer à booster l'animation et enrichir la scène culturelle locale ?
Les desseins définitifs pour les nouveaux jours de l'an 2010 ne sont pas encore tracés par les organismes du secteur. Et l'heure ne semble pas non plus au bilan de l'exercice écoulé. La wilaya de Constantine, qui vient d'accueillir son nouveau directeur de la culture, après un intérim qui n'a que trop duré,
aspire à entamer la nouvelle année dans d'autres perspectives. Du moins, c'est ce que le monde culturel espère pour rompre avec des agendas préfabriqués et édictés par la tutelle qui laissent souvent, à l'exception de deux festivals, les espaces en jachère et ont un effet repoussoir sur le public qui n'y trouve pas ce qu'il attend, ce qu'il demande. Pour l'heure, on sait uniquement que la capitale de l'Est dispose de 6 festivals institutionnalisés, dont un nouveau-né baptisé manifestation internationale d'El Ounchouda, dans a large interprétation (religieuse, patriotique). Elle étrennera sa première édition en 2010.
La date n'a pas encore été fixée. Il faudrait d'abord lui trouver une date adéquate pour ne pas coïncider avec les autres rencontres culturelles organisées annuellement. Les présélections nationales auront lieu à M'sila, Mostaganem et Guelma, apprend-on d'un responsable du secteur. Ainsi, en plus du jazz, du maalouf, de la poésie féminine, des rencontres-débats spéciales Malek Haddad qui se tiennent au mois de juin de chaque année, du printemps théâtral, El Ounchouda vient d'être institutionnalisée par le ministère de la Culture. Ce sera la nouveauté de l'année 2010.
De surcroît, selon quelques sources concordantes, on apprend que Constantine compte retrouver le Festival des Aïssaoua qui a été délocalisé à Mila pour quatre éditions. La même source atteste que cette festivité n'a pas connu l'effet escompté dans cette wilaya et il serait grand temps pour elle de redorer son blason. Cela demeure, bien évidemment, une suggestion, un souhait de la direction de la culture.
Pour parachever la programmation officielle, les acteurs locaux témoignent de la bonne santé financière de la direction de la culture. Les gestionnaires estiment qu'en 2009 la wilaya a été gâtée et ils attendent que l'année 2010 apporte son lot d'assistance. En matière de gestion et de diffusion de la culture, l'actuelle direction compte élargir son action en déclenchant un mécanisme sectoriel. Autrement dit, la direction et le palais de la Culture œuvreraient en parfaite collaboration. Pour l'heure, le nouveau locataire de la maison El Khalifa n'a pas livré son planning en la matière pour booster ce secteur malade, voire solitaire, notamment en dehors des dates des festivals institutionnalisés. A cet effet, il faut avouer que la capitale de l'Est «se roule les pouces» une fois que ces rencontres baissent rideau. C'est la monotonie qui succède à l'animation, plongeant la cité millénaire dans une hibernation prolongée, secouée de temps à autre par une semaine culturelle de wilaya. C'est cet écart qui devrait, sans nul doute, devrait être meublé par une création artistique ou culturelle afin de maintenir les lettres de noblesse en parfaite boucle.En ce qui concerne les projets culturels infrastructurels, Constantine demeure en quête d'une grande salle de spectacles. Pour cela, les responsables locaux «ne jurent» que par la réalisation d'un opéra. Une ambition qui relève de la fiction, selon quelques acteurs locaux, mais réalisable sans peine, selon l'initiateur du projet, en l'occurrence le wali. Cependant, l'idée reste à son état quasi embryonnaire et les mordus de l'art s'attendent à des réalisations effectives qui ne tarderaient pas à voir le jour.
Par ailleurs, les perspectives de la nouvelle année n'ont pas été rendues publiques, notamment la réouverture des salles de cinéma, du palais Ahmed bey… Aucune voie officielle n'était apte à nous éclairer sur le sujet.
La commune, qui a récupéré les salles de cinéma, n'a pas encore entrevu d'éventuelles mises en location, alors que d'autres sphères attestent que ces salles dépendent carrément de la direction de la culture. C'est le flou total qui caractérise le grand écran.
Le même sort est réservé à l'ouverture et l'exploitation du palais Ahmed bey. En effet, il paraît qu'aucun responsable n'a osé proposer sa réouverture. Pourtant, ce joyau d'architecture de style ottoman en phase de restauration pourrait bien accueillir le grand public. En définitive, pour clore le chapitre du patrimoine matériel, on évoquera à nouveau le site archéologique Tiddis. Aux dernières nouvelles, le wali envisage de prendre les choses en main en ce qui concerne cet espace millénaire. Ce sera un bureau d'études spécialisé étranger qui prendra en charge ce dossier. «C'est un lieu sensible. On n'a pas le droit de bricoler dans ces vestiges sous peine d'effacer quelques empreintes», lâche le responsable de la wilaya.
Toutefois, aucune date n'est donnée concernant la venue ou l'approbation de ce groupe étranger. En définitive, le pouvoir culturel autonome n'a pas encore ouvert les yeux à Cirta. La centrale injecte de l'argent et encadre des manifestations qui relèvent de son «programme»… Mais, pour enrichir la scène culturelle, on ne peut compter que sur cette culture institutionnelle. Il est demandé aux responsables locaux d'œuvrer sans relâche afin d'améliorer l'ordinaire pour faire sortir la culture du ghetto de l'institutionnalisation.


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