Photo : S. Zoheir Par Abderrahmane Semmar Ce n'est plus seulement un constat. Désormais, c'est une vérité amère. Notre Championnat national de football n'est plus en mesure d'alimenter notre sélection nationale par de bons joueurs capables de rivaliser avec les autres joueurs professionnels des sélections africaines. Le niveau très bas de cette compétition, les faiblesses et les incuries des clubs locaux, l'absence d'une politique de formation et l'instabilité chronique des staffs techniques et l'incompétence des directions des clubs ne font qu'accentuer la clochardisation du football algérien. Celui-ci, Dieu merci, se retrouve sauvé d'une véritable disparition grâce à des joueurs professionnels évoluant dans les championnats européens. Nés et formés en France pour la majorité, aguerris dans des clubs professionnels des Ligues 1 ou 2, ces joueurs n'ont pu affûter leurs armes qu'en se frottant au haut niveau du football européen. C'est ainsi que les Belhadj, Matmour, Ziani, Megheni et consorts ont réussi à remettre le football algérien sous les feux de la rampe. Mais qu'en est-il des joueurs locaux ? De la pure poudre aux yeux. Et pour cause, jusqu'à l'heure aucun de ces joueurs du «cru» n'a pu se démarquer par une «prestation respectable», relèvent à l'unanimité les supporters des Verts. Mis à part le talentueux Chaouchi et le décisif Gaouaoui, aucun des joueurs du championnat local n'a réussi à s'imposer dans son compartiment de jeu en équipe nationale. On se souvient encore du vide sidéral causé par un Antar Yahia blessé qui a laissé sa place à un Laïfaoui, soi-disant le meilleur défenseur du championnat local, incapable d'assumer la moindre tâche défensive lors du match livré contre l'Egypte au Caire. Et si Zaoui a sauvé la mise en assurant une bonne prestation à Om Dorman, il n'en demeure pas moins que la faiblesse technique et tactique des trois joueurs locaux, non titulaires naturellement, composant la réserve défensive de l'équipe nationale fait craindre le pire au cas où des blessures parmi les titulaires viendraient à être déplorées. Ce fait renseigne à lui seul sur les carences des joueurs locaux dont le niveau de jeu est tout simplement loin de pouvoir atteindre «la cheville» du haut niveau international. C'est une réalité qui s'impose de facto à l'esprit au regard des dernières prestations de nos clubs locaux dans les compétitions continentales. C'est dire, donc, que la qualification des Fennecs à la Coupe du monde et à la CAN est véritablement l'arbre qui cache la forêt dans la mesure où les joueurs locaux n'ont absolument aucun mérite dans ce grand exploit du football algérien. Pis encore, ce dernier, s'il veut demeurer accroché au train du football international, est condamné à puiser dans la réserve des joueurs binationaux évoluant en Europe. Faute de quoi, l'Algérie risque fort de sombrer dans la déchéance après le brillant exploit, historique même, de 2009. Il faut dire que notre pays a énormément de chances en disposant d'une panoplie d'excellents joueurs «élevés à l'européenne». Fort heureusement, cette réserve de joueurs binationaux reste encore à explorer car, d'une saison à une autre, des talents aux noms à consonance algérienne émergent et redonnent, ainsi, espoir à des supports plus que jamais déçus par la disgrâce du championnat local et ses joueurs au piteux niveau. Reste à savoir pourquoi Saadane continue à faire confiance à un Babouche ou à un Laïfaoui alors que Bouzid, le défenseur de Hearts, fait fureur en Ecosse. La même interrogation subsiste pour les attaquants Soltani ou Kerrouche qui brillent tous les deux dans les championnats hollandais et portugais et dont l'expérience internationale dans le «haut niveau» est certainement plus précieuse que celle d'un Ziaya avec l'ESS Sétif. Quoi qu'on en dise, l'exploit des Verts en 2009 a définitivement confirmé que les joueurs locaux n'ont plus les qualités nécessaires pour jouer en équipe nationale. Et tant que la disgrâce du Championnat national perdurera, l'Algérie aura toujours du mal à «produire» de bons joueurs de football. Enfin, ce n'est certainement pas ainsi que nous pourrons assurer notre présence régulière lors des prochaines éditions de la Coupe du monde et de la CAN. La sonnette d'alarme est d'ores et déjà tirée…