Photo :Sahel Par Faouzia Ababsa La 1ère session de la Commission exécutive nationale, depuis la tenue du 11e congrès de l'Union générale des travailleurs algériens, s'est tenue hier à l'hôtel Aletti à Alger. Un seul point était inscrit à l'ordre du jour : l'élection des 12 membres du secrétariat national qui devront seconder Abdelmadjid Sidi Saïd dans l'action syndicale. C'est d'ailleurs un secrétaire général de la plus importante organisation syndicale très ferme qui a présidé la réunion d'hier. Mais aussi épuisé, tant le poids des problèmes de la centrale pesait sur lui, ayant dû à moult reprises intervenir personnellement pour résoudre les conflits et jouer au pompier, alors que l'écrasante majorité des responsables de fédérations hibernaient. M. Sidi Saïd n'y a d'ailleurs pas été de main morte, lançant des avertissements par-ci, des mises en garde par-là. En appelant tout un chacun à assumer ses responsabilités. «J'ai besoin d'une équipe qui soit à la hauteur des défis et enjeux à venir», lancera-t-il, comme pour signifier qu'il n'est plus question que la prise en charge des dossiers et/ou des problèmes retombe sur les mêmes personnes. «Elisez en toute conscience et responsabilité des secrétaires nationaux, en mettant de côté vos conflits et règlements de compte.» Et Abdelmadjid Sidi Saïd d'ajouter : «L'ambition est, certes, légitime, mais elle doit être mesurée», comme pour tempérer les ardeurs de ceux qui voulaient l'implosion de l'organisation syndicale. Mais aussi pour signifier que la compétence doit être de mise. «Elevez le niveau, lancera-t-il encore. Je vous demande d'élire une équipe solitaire, fraternelle qui soit à même de relever les défis, au service des travailleurs, de la République et du pays. Car la responsabilité est lourde, très lourde. Je vous demande de m'aider, d'alléger le fardeau qui pèse sur mes épaules.» Son intervention terminée, le secrétaire général de l'UGTA désigne la commission de candidature qu'il a présidée, pour le recueil des candidatures. Il lèvera la séance qui ne reprendra que vers 14h30. Entre-temps, le travail de coulisses battait son plein. On demandait à certains de retirer leur candidature, alors que l'on sollicitait des autres le soutien à tel ou tel prétendant. A un certain moment, une sorte de mouvement de foule s'opérait. Salah Djenouhat battra le rappel des troupes d'Alger. L'urgence était signalée. Et pour cause ! De folles rumeurs circulaient à propos d'instructions qu'il aurait données pour éliminer, par le vote, certains candidats. Le secrétaire national chargé de l'organique sortant fait une mise au point. Il démentira catégoriquement ces rumeurs et affirme à la délégation d'Alger : «Je n'ai donné aucune instruction, je n'ai pas à le faire. Que chacun vote pour qui il veut en toute conscience.» En face, c'est Rahma, un autre secrétaire national sortant, qui a réuni les troupes de l'Est, n'ayant pas apprécié l'attitude de Salah Djenouhat pensant certainement qu'il jouait contre lui. Il tiendra d'ailleurs le même discours que M. Djenouhat. Ces mises au point faites, les membres de la CEN reprennent place à l'intérieur de la salle des conférences. Sidi Saïd donne la parole à un membre de la commission «électorale» pour faire lecture de la liste des candidats par région. On s'apercevra alors que la candidature annoncée de Amar Saïdani, sous le coup d'une interdiction de sortie du territoire national et d'un contrôle judiciaire, n'y figure pas. Il a certainement dû en être dissuadé. Ce, d'autant que l'annonce de sa volonté de prétendre à un poste de secrétaire national a choqué plus d'un membre de la CEN. «Ce n'est pas en se faisant élire au secrétariat qu'il bénéficiera de l'immunité. C'est trop flagrant. Et puis, il est impensable que quelqu'un qui a été à la tête de la troisième institution de l'Etat regarde vers le bas», nous dira un membre de la direction nationale de l'UGTA. La lecture de la liste terminée, le premier responsable de l'organisation syndicale expliquera le mode opératoire. Il s'agissait pour les 264 membres de la CEN de voter sur l'ensemble des régions, car «le mandat est national et non régional. Il faudra donc voter pour chacune des régions du Sud, du Centre, de l'Est et de l'Ouest. Sinon le bulletin sera considéré comme nul», précise M. Sidi Saïd. Chacun devait prendre un bulletin, se rendre dans l'isoloir et barrer les noms de ceux qu'il ne veut pas qu'ils soient élus au secrétariat national. Tout bulletin portant une mention, une remarque ou une rature sera comptabilisé comme nul. Ces précisions données, la séance est levée pour ne reprendre que vers 16h30. Il fallait, nous explique-t-on, donner le temps aux gens de se concerter. Encore une fois le travail de coulisses est de mise. Il semblerait d'ailleurs que le vote ait été bloqué. Pour Alger, par exemple, la tendance était quasiment connue d'avance. Salah Djenouhat, Med Telli et Guetiche étaient les grands favoris au détriment de Bouzidi, Choulak, Benabbou. En tout état de cause, la composante du nouveau secrétariat national ne sera pas une surprise, à quelques exceptions près, puisqu'il est issu de la Commission exécutive nationale élue lors du dernier congrès et qui n'a pas connu de grands changements. Sauf que le RND sera le grand gagnant puisqu'il réussira à se maintenir au détriment du FLN dont le secrétaire général avait annoncé batailler pour récupérer l'UGTA.