De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Des espaces et structures historiques, abandonnés depuis de longues années, que les pouvoirs publics oranais pourraient recouvrer pour un usage culturel, foisonnent à Oran. Dans le lot, on peut évoquer l'ancien hôpital Baudens, dans le quartier Sidi El Houari, la désormais célèbre carcasse de l'hôtel Chateauneuf que la mairie a récupérée mais dont le sort n'a pas encore été scellé, les écuries espagnoles et, par-dessus tout, le fort Santa Cruz qui pourrait servir de musée et les arènes d'Eckmühl qui restent hermétiquement closes malgré l'engagement officiel d'en faire profiter le Festival du cinéma arabe. Si le fort Santa Cruz a gagné en visibilité grâce au travail de fourmi effectué par l'une des associations oranaises dédiées à la sauvegarde du patrimoine historique, les Arènes le sont beaucoup moins en raison du dédain des autorités locales et de l'indifférence inexpliquée des associations. Pourtant, ce haut lieu de la tauromachie de l'époque espagnole, témoin du passage de chanteurs de renom des années cinquante, qui sert aujourd'hui de terrain de sport aux potaches, offre de sérieux atouts que la ville a failli exploiter à de multiples reprises, la dernière en date étant la décision de réhabiliter cet espace pour la deuxième édition du Festival du film arabe en 2008. Mais, auparavant, en 2004, il était question d'un possible jumelage entre Oran et Nîmes, seule ville méditerranéenne (hormis les cités espagnoles) qui dispose d'arènes du même type que celles d'Oran. En visite dans la capitale de l'Ouest à l'automne 2004, une délégation nîmoise avait, entre autres propositions, émis l'idée de faire profiter les arènes d'Oran des activités culturelles et sportives que les arènes de la ville française abritent annuellement. Ce qui supposait tout un ensemble d'opérations, dont la restauration du monument. Pour des raisons inconnues, ce projet n'a jamais vu le jour… Pour mémoire, dans la première moitié du siècle dernier, les arènes d'Oran ont abrité les prouesses de toréadors de renom (Manolete, Chicuelo, El Cordobes ou encore Ordonez) et accueilli des chanteurs célèbres des années soixante, tels le chantre de la musique noire américaine, Duke Ellington, The Platters, Les Chaussettes noires, Abdwahhab Doukkali et bien d'autres encore… Parce que les autorités nationales prévoient un destin méditerranéen à la capitale oranaise, il est temps que la culture bénéficie du même intérêt accordé aux autres secteurs et que les différents arts aient leurs espaces. A commencer par le cinéma, qui peut se targuer de disposer d'une trentaine de salles ne demandant qu'à être réhabilitées…