Photo : M. Hacène De notre correspondant à Constantine A. Lemili «Il y a quand même quelque chose de paradoxal quand vous dites que 2010 sera consacré à la poursuite de la restructuration parce qu'au rythme où va le liquidateur, c'est à peine s'il arriverait à démêler l'écheveau.»CMT ou complexe moteurs-tracteurs implanté à Constantine avait fait l'objet d'une mesure, une énième, de restructuration. Celle-ci devait être la bonne parce qu'elle permettait de structurer l'entreprise en deux ensembles distincts. L'un produira des tracteurs et l'autre leurs moteurs. Dans des propos que nous avons rapportés dans la Tribune, un membre du conseil d'administration nous avait assurés «que la logique venait de primer dans une situation qui n'avait que trop duré. Autrement dit, dans tous les pays du monde les deux activités sont séparées». Et notre interlocuteur de préciser, l'été dernier, qu'«en fait, c'était l'objectif du gouvernement à l'époque de la création du complexe Sonacome de Oued Hamimime. Mais cette option avait été oubliée avec le temps».Pour en revenir au paradoxe que 2010 soit entièrement consacré à la liquidation alors que l'une et l'autre des deux nouvelles entreprises, bénéficiaires d'un privilège incontestable à travers les mesures décidées par le gouvernement Ouyahia, se devaient d'accompagner impérativement l'ensemble des autres mesures engagées dans le secteur de l'agriculture, la réponse est fournie par le même membre du conseil d'administration rencontré, jeudi dernier. Il devait dire : «D'abord, parce que pour une entreprise dont les responsables criaient leur désarroi devant la mévente du produit il y a à peine une année, faisant état de parcs débordant de surstock et une entreprise de commercialisation [PMAT] au bord de la faillite, il nous paraît pour le moins étrange que ceux-là, aujourd'hui, déclarent ne pas être prêts pour répondre à une commande de 4 000 tracteurs.» En effet, un carnet de commande de 4 000 tracteurs a été assuré par le gouvernement qui n'a fait qu'exploiter judicieusement la conjoncture, voire une nature favorable de ces deux dernières années, des facteurs qui ont énormément aidé au développement exponentiel de l'agriculture et à ses performances exceptionnelles. «Or, ces besoins sont authentiques et fermes. Les activités de liquidation de l'ex-CMT n'empêchent en rien la production de l'entreprise en tracteurs et de moteurs. C'est, à mon sens, des faux-fuyants même si beaucoup de cadres dirigeants tiennent prétexte des turbulences administratives qui secouent le complexe.»Les turbulences évoquées ont pour origine l'inculpation de l'ancien directeur général dans une affaire de marché conclu en infraction de la réglementation. Cette affaire éclabousse plusieurs cadres dirigeants du complexe et leurs allers et retours chez les juges entachent, semblerait-il, le fonctionnement serein de l'ex-CMT, suscitant une forme de psychose parmi une bonne partie de l'encadrement et réfrénant, par conséquent, leurs ardeurs. «A mon sens, ce n'est qu'un prétexte. La situation évoquée n'influe en rien sur la conduite des affaires des deux entités. Je serais même tenté de dire que c'est, quelque part, plutôt l'inaptitude de certains cadres des staffs à relever le défi qui les confine dans un tel état de défaitisme anticipé», estime notre interlocuteur. En tout état de cause, M. Zaouagui, directeur du complexe tracteurs, a été affirmatif il y a quelques semaines lorsqu'au téléphone nous lui avons posé la question d'en savoir un peu plus sur cette nouvelle restructuration. «Je crois qu'il serait encore prématuré de parler de programme de production, de cadence de réalisation tant que le liquidateur n'aura pas terminé son travail de déterminationdes patrimoines de l'une et de l'autre structure», devait-il déclarer. Autrement dit, que l'une ou l'autre des deux nouvelles structures, en quelque sorte, connaisse les limites de son territoire et, surtout, la nature du patrimoine qui lui revient.Quoi qu'il en soit, les pouvoirs publics centraux se sont totalement investis dans cette restructuration, politique à plus d'un titre, jusqu'à consentir pratiquement sans conditions tous les concours financiers, l'aide logistique, les moyens humains, l'interdiction d'importation de matériel agricole, la facilitation des procédures afin qu'industrie et agriculture relèvent la tête en même temps et, surtout, matérialisent les attentes des dirigeants jusqu'au plus haut sommet de l'Etat pour confirmer le renouveau officiellement déclaré.Pour l'anecdote, nous saurons que, s'il y a seulement quelques mois -et cela était de notoriété publique- «le PMAT était en surstock, aujourd'hui des agriculteurs recourent, comme au bon vieux temps du monopole, à l'intervention pour accéder à l'achat d'un tracteur. Il est vrai, toutefois, qu'il y a de la spéculation derrière, notamment parce que ce type de matériel est aujourd'hui acquis dans des conditions particulières et exceptionnelles comme le règlement à tempérament, la remise, l'exonération d'impôt, etc. Cela fait qu'il pourrait être acquis à moins de 200 000 DA alors que son coût de production dépasse le sextuple. C'est, toutefois, le prix à payer pour booster l'agriculture et, sur ce plan, l'Etat ne lésine pas. Cela est logique», conclura notre vis-à-vis.