Photo : Riad Par Youcef Salami A priori, la détérioration des marchés pétroliers, une des conséquences de la crise financière internationale, n'a pas produit des effets contraignants sur l'économie algérienne, même si les revenus du pays ont baissé de moitié en 2009. L'Algérie maintient toujours les plans de relance qu'elle a esquissés avant le début de la crise en question, arrivés à maturité et mis en œuvre aujourd'hui. Mieux, elle a revalorisé les gains salariaux, une mesure qui ne semble pas avoir agréé aux institutions financières multilatérales, et a affecté des enveloppes considérables pour soutenir des entreprises publiques en difficultés. Le pays n'entend pas financer moins que prévu. Est-ce à dire qu'il vit dans l'opulence ? Et puis, avec une loi de finance 2010 élaborée sur la base d'un baril de brut à trente-sept dollars, s'inscrit-il dans une logique économique réaliste ? L'Algérie a instauré, il y a près de dix ans, un fonds de régulation des recettes pétrolières, une sorte de compte spécial. Et c'est grâce à ce fonds que la flexibilité financière a été rendue possible, en période de crise, estiment certains. L'Etat y puise pour régler des problèmes, aplanir des difficultés, engager des réformes… Selon des chiffres récents avancés par le Conseil national économique et social (CNES), la situation dans laquelle évolue aujourd'hui l'économie nationale est «globalement bonne». A commencer par le paiement par anticipation de la dette extérieure, l'Algérie est, il faut le dire, passé du tout au tout en termes d'équilibres macroéconomiques. Il y a quelques années, elle essayait, non sans difficultés, de trouver écoute pour négocier le rééchelonnement de sa dette. Aujourd'hui, elle est devenue un pays solvable. Bien plus, avec des réserves de changes jamais égalées, elle constitue une bonne adresse pour les investisseurs. Cependant, une question : cet état de fait reluisant profite-t-il aux ménages ? Que le prix du pétrole augmente ou que la situation du pays ait été nettement améliorée, le commun des citoyens n'a rien vu venir, aux dires de beaucoup. Et ce ne sont pas les exemples qui manquent pour illustrer une telle conjoncture. Les derniers rapports en date, dont ceux établis par la Banque mondiale, noircissent le tableau quand ils évoquent les poches de misère dans le pays et le chômage. L'Algérie est un pays «pauvre» qui «se prend pour un pays riche», disait un ancien ministre. Indépendamment de la crise financière et de la fluctuation des cours du pétrole, le pays n'a pas su mettre en place des projets structurants en dehors des hydrocarbures et réorienter la cartographie des investissements. L'écrasante majorité des opérateurs nationaux et étrangers ne veut pas aller à l'intérieur du pays pour monter des projets, malgré le fait que l'Etat ait confectionné une batterie de mesures dans le but d'encourager l'investissement dans les régions reculées. Aujourd'hui, ce ne sont pas en fait les réserves de changes qui sommeillent, mais des projets porteurs qui font défaut ou se font rares. Et, à défaut de mieux, le pays injecte de l'argent public dans de méga-projets. Il passera la main au privé… plus tard.