Les restaurants de la Pêcherie d'Alger cherchent désespérément clients. L'espace est dans un état lamentable, abandonné par les autorités locales qui avaient promis, dans un temps passé, de l'intégrer dans un projet grandiose dans le cadre de ce qui a été appelé, à l'époque, «Grand Projet Urbain». Des travaux d'aménagement ont alors démarré mais n'ont pas duré longtemps. Les véritables raisons de l'abandon de ces travaux, et du projet tout entier, ne sont pas connues jusqu'à présent. Les nouveaux responsables de la wilaya d'Alger promettent de relancer quelques chantiers dont justement celui de modernisation de ces restaurants et la promotion de la gastronomie maritime mais rien de concret n'est visible sur les lieux. Bien au contraire, l'endroit est plus fréquenté par des SDF, des délinquants, des toxicomanes… plus que par des personnes qui viennent s'attabler pour un plat de sardines, de sépia ou autres crustacés qui faisaient la renommée de la Pêcherie. Cette renommée qui s'est effilochée en très peu de temps, suivant la dégringolade du pouvoir d'achat des citoyens. Mais pas seulement ! Et pour cause : rien n'est fait pour redorer le blason de la Pêcherie qui est, elle aussi, témoin d'une grande partie de l'histoire de la ville d'Alger. Les amoureux de la bonne chère la cherchent ailleurs, y compris dans de petits restaurants des quartiers populaires où l'on trouve la bonne qualité pour des prix tout à fait abordables. A la Pêcherie d'Alger, des restaurants ont fermé, d'autres ont été réaménagés pour éventuellement abriter d'autres commerces. Ceux qui restent, très peu nombreux d'ailleurs, se disputent le peu de clients qui traversent l'endroit par hasard ou par nostalgie au passé. «A peine si nous enregistrons une dizaine de clients par jour. Ils les arrêtent au premier restaurant», s'inquiète un des propriétaires, partagé entre le souhait de poursuivre cette activité dans le même endroit et l'idée de tout abandonner. Il est à regretter l'absence d'une organisation citoyenne pour défendre ces lieux qui représentaient la carte postale d'Alger. Des hommes et des femmes en parlent, regrettent les belles choses du passé mais ne font rien pour les changer dans le bon sens.