Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Samir Ould Ali Une fois n'est pas coutume, le directeur du théâtre d'Oran, Azri Ghaouti, se déclare satisfait de l'aide que le ministère de la Culture apporte enfin au quatrième art, ce qui débloque bien des situations et autorise l'optimisme quant à l'avenir du théâtre en Algérie. Au moins en ce qui concerne la structure qu'il dirige, Azri Ghaouti affirme qu'après avoir souffert le martyre pendant de longues années elle est désormais sur la voie de la guérison : «Cette année, nous avons les moyens de produire pas moins de sept nouvelles pièces et, même si nous accusons un sérieux déficit en ressources humaines, les hommes et femmes de théâtre n'étant pas légion, je suis sûr que nous pouvons relever ce défi», assure-t-il en expliquant que le théâtre Abdelkader Alloula a pris en charge la formation de six jeunes futurs comédiens, issus d'un casting qui avait rassemblé une cinquantaine de candidats : «Nous les formons déjà pour la Fenêtre d'Emmanuel Roblès qui est programmée pour très bientôt mais également pour toutes les autres pièces que le TRO produira dorénavant. C'est un investissement à long terme.» Le responsable du théâtre d'Oran rappelle, à ce propos, le stage de formation organisé, l'année dernière, dans la localité côtière de Bouiseville au profit de nombreux jeunes comédiens amateurs. «Nous avons un budget pour la formation, nous faisons le nécessaire pour assurer une relève», souligne-t-il encore. Par amour pour le quatrième art mais aussi par respect pour le public «de plus en plus nombreux» qui fréquente le théâtre. Saisissant l'occasion pour tordre le cou à cette conviction, partagée par beaucoup, selon laquelle les Oranais n'aiment ni ne fréquentent le théâtre, Azri Ghaouti invite les sceptiques à consulter les chiffres : «L'année dernière, le théâtre d'Oran a accueilli plus de 51 000 spectateurs qui ont payé pour assister à des pièces de théâtre. Il ne s'agit pas là d'invités (en général, ils assistent par obligeance et amabilité) mais de personnes qui ont pris la décision de se rendre au théâtre. Il faut arrêter de dire que le théâtre n'a pas de public !» Pour ce responsable qui, il y a trois années, dénonçait régulièrement le manque de moyens -«nous raclons les fonds de tiroir pour faire fonctionner le théâtre», avait-il coutume de répéter-, la situation a radicalement changé : «Nous respirons mieux et nous pouvons donner libre cours à la création. Le seul problème qui demeure est celui des ressources humaines et, donc, de la formation. Si l'on veut que l'Algérie dispose de 48 théâtres [le rêve de Khalida Toumi de doter l'ensemble des wilayas algériennes de théâtres, ndlr], il faudra élaborer une véritable stratégie de formation qui permette, dans les années qui viennent, de constituer un vivier d'hommes et de femmes compétents qui pourront et sauront prendre les rênes du théâtre algérien.» Pour information, le théâtre Abdelkader Alloula prévoit de produire le Jeu du mariage, adaptée de la pièce de Marivaux le Jeu de l'amour et du hasard, par Mourad Senouci, Ouicha oua M'barek, de feu Djennat Boualem, la Chaise du gouverneur de l'Egyptien Es-Saïd Chouribji, Ellah la yzid ektar de Bouziane Benachour, Hob fi Khoudaa du jeune Larbi Meflah qui a déjà été primé au Festival du théâtre professionnel d'Alger en 2006 pour Et-Talak. Pour les enfants, les responsables du théâtre préparent trois pièces : El Assad oua el hattaba, de Mourad Senouci, Ma asghar mini de la jeune comédienne Safiaet et, enfin, Kaalat En-Nour écrite par Belkaroui Abdelkader et mise en scène par Missoum Saïd.